Seules les Bêtes France, Allemagne 2019 – 117min.
Critique du film
À cheval entre deux continents, des existences entremêlées.
Adapté du roman de Colin Niel publié en 2017, Seules les bêtes transpire l’ambiance froide et rurale des hauts plateaux isolés du monde, où hommes et animaux ne font plus qu’un. En partant d’Europe en passant par l’Afrique, Dominik Moll met en scène cinq personnages dans un récit mosaïque, un thriller psychologique où la solitude pesante est maîtresse.
Dans un coin de pays isolé, Alice (Laure Calamy) fait sa tournée habituelle. Aide à domicile, elle visite des habitants éloignés de tout. Parmi eux, Joseph (Damien Bonnard), paysan taiseux et solitaire avec qui Alice a une liaison. Michel (Denis Ménochet), agriculteur et mari d’Alice, quant à lui, passe le plus clair de son temps dans l’arrière-salle de sa grange, à travailler sur sa comptabilité comme il dit. Un soir, une violente tempête s’abat sur la région. Le lendemain, une femme (Valérie Bruni-Tedeschi) est portée disparue. Sa voiture est retrouvée sur le bas côté d’une route. Personne ne l’a vue et ne semble savoir quoi que ce soit. Pourtant, sa disparition n’a rien d’un hasard...
Dominik Moll construit son intrigue, véritable puzzle tragique, autour de cinq personnages. Plus la fiction progresse, plus le récit prend tout son sens. Film choral, Seules les bêtes racontent des destins que rien ne destinaient à se croiser et qui, malgré tout, s’entremêlent pour former un thriller bien ficelé. D’abord lent dans son rythme, posant le jalons d’une énigme aux diverses strates, le film prend de la vitesse dans un deuxième temps pour livrer tous ses secrets. Vu sous divers angles qui finissent par se rencontrer, le scénario emprunte tout à la fois au style drame psychologique et cyber-thriller. Si certains rebondissements sont un peu tirés par les cheveux, Seules les bêtes atteint malgré tout son but en parlant d’amour, de peine et de tromperie, mais avant tout de la solitude propre à chaque protagoniste.
D’un récit local implanté dans la France rurale, l’histoire prend un tournant plus global en traversant les frontières jusqu’en Afrique. Contraste saisissant entre l’ambiance glaciale des montagnes occidentales et la chaleur étouffante des villes d’Afrique, Seules les bêtes révèle en plusieurs chapitres des perspectives différentes, les points de vue de ses personnages incarnés par des acteurs bien connus tels que Laure Calamy, Denis Ménochet ou Valérie Bruni-Tedeschi et des moins célèbres à l’image de Nadia Tereszkiewicz ou Guy Roger N’drin. Filmé en lumière naturelle, le film renvoie un goût d’authentique, cru, brutal et perturbant aussi, tant à travers les actes que les symboles. En bref!
Film choral aux multiples facettes, Seules les bêtes nous entraîne des plateaux isolés d’une France rurale aux routes poussiéreuses d’Afrique. Récit dramatique, ce thriller se construit et se comprend pièce après pièce à travers différents points de vue. D’une vie que chacun se rêve à la misérabilité humaine, Dominik Moll raconte des destins entremêlés malgré eux. Un film bien ficelé, les quelques petites faiblesses mises à part.
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Commentaires
“Cœurs animal”
Dans les Causses, une voiture est retrouvée abandonnée le long d’une route enneigée. La femme qui la conduisait a disparu. Ceux qui la côtoyaient ont peut-être les réponses.
Ils s’appellent Alice, Joseph, Marion, Amandine, Michel et Armand. Qu’ils habitent Abidjan ou hantent cette France reculée, ils partagent l’illusion de l’amour. Mais face à l’amertume des rapports humains, seules les bêtes ne sauraient les trahir.
Parmi les chiens, les vaches, les moutons et un ouistiti, l’homme est un animal social, perclus de solitude. Ce film choral, emmené par de bons comédiens, le démontre en jouant la carte du mystère. Intrigant de prime abord, il perd en efficacité une fois le puzzle reconstitué. Ne reste qu’une mécanique artificiellement huilée, même si le bêlement d’une chèvre ressemble à un cri dans la nuit.
6/10
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Un film, un scénario magnifique, qui ne s'embarrasse pas d'une totale vraisemblance...comme le disait Hitchcock
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