Shalom Allah Suisse 2019 – 99min.
Critique du film
D’une religion à l’autre
Shalom Allah nous emmène à la rencontre de quatre personnes ayant choisi de se convertir à l’islam. Réalisé par le cinéaste suisse David Vogel, le documentaire s’interroge sur la symbolique de cet acte et les changements qu’il provoque, tout en menant une réflexion générale sur la croyance religieuse au travers du parcours personnel du réalisateur.
Aïcha, Johan et les Los Santos se sont récemment convertis à l’islam. À cause des préjugés qui entourent le monde musulman, ce geste a rendu le réalisateur suisse David Vogel plutôt perplexe. Afin de mieux saisir les enjeux liés à leur décision, le cinéaste a suivi ces personnalités dans leur quotidien pour comprendre ce qui les a motivés à changer de religion et à quel point ce choix a eu un impact sur leur entourage. En parallèle, ces rencontres ont permis à David Vogel de mettre sa religion juive en perspective et de questionner les notions de croyance.
En choisissant d’explorer la thématique de la conversion religieuse, David Vogel savait probablement qu’il allait aborder un sujet sensible et délicat. Mais dans un premier temps, il lui importait de donner la possibilité à des convertis musulmans d’exprimer leurs ressentis et d’indiquer les raisons qui les ont conduits vers une autre religion. Souvent regardés de façon suspecte, les protagonistes du documentaire expliquent pourtant que leur choix est avant tout personnel et qu’ils se sentent beaucoup mieux depuis qu’ils ont répondu à l’appel de cette force supérieure.
Si ces témoignages arrivent au compte-goutte, ils sont bien trop souvent éclipsés par les nombreux instants consacrés à la prière que le cinéaste filme. Au vu du sujet plutôt brûlant et soulevant des questions pertinentes, on aurait pu imaginer que ces scènes de recueillement laissent la place à des conversations plus ciblées qui traitent des véritables enjeux de la conversion. Le récit de la famille Los Santos, dont le père et la mère sont convertis, se révèle par exemple d’une grande richesse. Entre l’interrogation sur la décision des enfants de suivre ou non leurs parents dans la conversion, l’obligation de changer de travail pour le père, ou la famille proche qui peine encore à accepter, les thématiques à creuser sont pourtant bien présentes.
Au lieu de cela, le cinéaste préfère s’enliser dans une introspection personnelle à propos de son propre rapport à la religion qu’il tente, parfois de manière maladroite, de relier aux gestes des protagonistes. Certains rapprochements, notamment sur le fait de montrer sa foi au monde extérieur, méritent pourtant d’être mis en avant, mais d’autres semblent toutefois plus farfelus. En recentrant davantage son propos, le documentaire aurait donc certainement gagné en profondeur. En bref!
À force de vouloir trop en faire, David Vogel se perd un peu dans son récit et n’arrive pas toujours à traiter convenablement de la thématique, pourtant passionnante. Heureusement, quelques témoignages parviennent à maintenir l’intérêt du spectateur et touchent par leur grande sincérité.
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