Sound of Metal Etats-Unis 2019 – 132min.

Critique du film

Et soudain le silence...

Théo Metais
Critique du film: Théo Metais

Fondus de metal, Lou chante et Ruben frappe sa batterie. Le duo sillonne les routes des États-Unis dans leur caravane, mais un jour l’audition de Ruben se dégrade jusqu’aux abîmes du silence. «Sound of Metal» dévoile alors une fable existentialiste brutale sur l’amour, la fonction de l’être et le déterminisme. Et au milieu du chaos, Ruben retrouvera son harmonie fondamentale.

Présenté au festival de Zurich, Sound of Metal s’est offert une sortie sur Amazon Prime en raison de la Covid-19. Premier long-métrage du réalisateur et scénariste américain Darius Marder, Sound of Metal embarque l’excellent Riz Ahmed dans une volte aux réminiscences de The Place Beyond the Pines, film qu’il avait d’ailleurs co-scénarisé en 2012 aux côtés de Derek Cianfrance. Riz Ahmed se fait alors la figure d’une vie en pleine dégringolade. Il est celui par lequel arrive le drame. Ancien toxicomane, il a troqué l’héroïne pour des infusions de metal, et un peu d’amour avec sa compagne Lou (Olivia Cooke). Sorte de “Transperceneige” transformé en studio sur la route, leur caravelle transperce l’immensité américaine dans un mouvement permanent. Mais le jour où l’audition de Ruben se détériore, leur tournée s’arrête, l’équilibre déraille. Lou rentre en France chez son père (Mathieu Amalric), et Ruben est placé dans un centre.

Marchant dans les pas du sublime The Rider de Chloé Zhao, Ruben rappelle Brady Blackburn, jeune prodige du rodéo interdit de remonter à cheval après avoir subi un grave accident. Un paradis s’effondre toujours à l’aube d’un monde nouveau. Ruben est merveilleusement campé par un Riz Ahmed abyssal; sa violence intérieure, l’accalmie finale, son interprétation bouleverse de vérité. Ruben traverse un deuil, et son parcours dans ce centre pour personnes sourdes et malentendantes emprunte au conte initiatique. Encerclé dans une volte autodestructrice, prêt à mettre sa vie dans les mains d’un prêteur sur gage pour conjurer le sort; sur le chemin d’une rédemption douloureuse, Paul Raci incarne cet être angélique pour lui venir en aide, mais rien n’y fait! Darius Marder signe une réalisation visuelle et sonore au diapason des errances de son personnage. Une immersion déroutante, un conte remarquable sur l’histoire d’un être à la recherche de son harmonie fondamentale.

14.01.2021

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