Switzerlanders Suisse 2019 – 70min.
Critique du film
La Suisse à travers le regard d’internautes
Trier, adapter et mettre en boîte, voilà ce que Michael Steiner a orchestré avec le projet Switzerlanders. Plus de 130 vidéos viennent jalonner une pellicule qui peine à trouver sa véritable cadence.
Des centaines de vidéos envoyées par des internautes des 4 coins du pays, pour évoquer leur vision de la Suisse. Michael Steiner, dans la peau du maître d’orchestre, s’est amusé à élaguer près de 1400 heures pour nous servir un documentaire synthétisant une journée typiquement suisse. Le projet Switzerlanders est donc né, s’étalant sur 82 minutes.
Le point de départ du projet date de 2011, quand Ridley Scott a présenté au festival Sundance Life in a day. En 2019, le groupe médiatique Tamedia, en collaboration avec Axa, Sunrise, les CFF et Swiss, s’est décidé d’emboîter le pas à l’un des maestros du 7ème art actuel. À la baguette, Michael Steiner, le rebelle et golden boy du cinéma suisse, réalisateur récemment de Wolkenbruch, se délecte d’images enregistrées par des particuliers, de la fête de la lutte au service militaire en passant par des clichés d’une descente dans le Lavaux. Alors oui, la Suisse est belle et ses concitoyens sont différents d’un canton à un autre; c’est en ça que le documentaire s’essaie à dégager une vision identitaire, de démarquer le charme tout bonnement helvétique. Au milieu des différents intervenants, la Suisse doit briller, elle doit être belle, parfois revendicatrice, parfois drôle.
Las, ce drôle de voyage décousu n’est pas le feu d’artifice espéré. Des tranches de vie, des moments parfois loufoques, parfois «politisés» comme ces jeunes manifestants. Mais force est de constater, malgré des images d’une beauté saisissante - les glaciers restent et resteront majestueux -, difficile de trouver une véritable expérience «locale» derrière un tel projet. Steiner affine et assimile, sans faire de vague, sans user de sa patte pour hisser le documentaire vers une évolution convenable à travers ses différents récits.
L’image d’un cinéaste reliant une myriade de vidéos limite indirectement l’instinct créatif d’un auteur - l’audace comme étriquée dans un format un peu ennuyeux. Cet aperçu de la Suisse est un peu timide, un peu convenu. Pari raté pour Michael Steiner. Aurait-il peut-être dû partir avec sa propre caméra, sillonnant la Suisse, pour nous concocter son propre Switzerlanders? Hormis quelques fragments - le phénomène biennois en pôle position -, ce Switzerlanders est un empilement de capsules, une vitrine un peu classique, montrant qu’une maigre mosaïque des caractères et territoires helvétiques, versant même dans le cliché.
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