Our Friend Etats-Unis 2019 – 126min.

Critique du film

Le véritable sens du mot «amitié»

Emma Raposo
Critique du film: Emma Raposo

Son amie tombe malade et, du jour au lendemain, Dane quitte tout pour s’installer chez elle, son mari et leurs deux filles afin de les aider dans cette épreuve douloureuse. Our Friend raconte l’amitié sans faille et la dévotion d’un homme à travers la trajectoire d’un trio de personnages merveilleusement interprétés par Casey Affleck, Jason Segel et Dakota Johnson.

Matt (Casey Affleck) et Nicole Teague (Dakota Johnson) vivent à Fairhope, en Alabama. Il est journaliste, elle est comédienne. Ils ont deux filles et comme n’importe quel couple marié, leur vie est faite de hauts et de bas. Rien de bien extraordinaire jusque-là. Un jour, Nicole apprend qu’elle est atteinte d’un cancer et que ce dernier s’est généralisé, ne lui laissant que quelques mois à vivre. Ami de longue date du couple, Dane (Jason Segel), voyant que Matt n’arrivera probablement pas à mener tout de front, propose de s’installer chez les Teague afin de leur donner un coup de main le temps que Matt se retourne. Dane restera finalement une année chez Matt et Nicole, jusqu’au décès de cette dernière.

Our friend n’est pas un énième film sur la maladie, il ne se donne pas non plus la mission d’héroïsation en soulignant le courage de la personne condamnée. Our friend parle de la mort dans son plus simple appareil, de ce qu’elle a de plus laid, de plus commun et d’ordinaire, de ce qu’elle peut révéler de plus beau surtout: la dévotion complète d’un ami. Dane est de ces gens-là, de ces gens qui en une fraction de seconde quittent tout, petite amie, travail et appart pour venir en aide à l’autre.

Présenté au festival du film de Toronto en 2019, Our friend, réalisé par Gabriela Cowperthwaite, est adapté du bouleversant article de Matthew Teague intitulé «The Friend: love is not a big enough word», paru en 2015 dans le magazine Esquire. Dans son papier, le véritable Matt raconte sobrement la mort, les mois d’agonie de sa femme, les beaux comme les atroces instants de ce parcours du combattant. Au plus près de l’authentique, celui qui a traversé un calvaire et l’a surmonté le doit en grande partie grâce à son ami. Hommage touchant d’un homme à un autre, Our friend perpétue ce poignant témoignage de gratitude grâce à un film et un trio d’acteurs sublime.

À commencer par Casey Affleck. Comment fait-il pour nous faire verser une larme à chaque fois? Après sa performance inoubliable dans Manchester by the Sea, sa prestation brillante dans A ghost story, le petit frère de Ben s’est fait une spécialité des rôles dramatiques puissants. Sa nonchalance et sa retenue naturelles propulsent chacune de ses apparitions vers d’autres cieux, là où le drame et l’effroi côtoie la beauté et la douceur. Taillé sur mesure pour ce genre de partitions, Casey Affleck prouve une fois de plus qu’il n’est jamais aussi talentueux que dans ce genre de rôles.

À ses côtés, Dakota Johnson et Jason Segel. Révélé dans la série «How I met your mother», ce dernier incarne un rôle à contre-emploi d’homme paumé qui ne sait pas où il va, et qui se demande même si quelqu’un l’attend quelque part. Quelques mains tendues, celle d’une randonneuse croisée au hasard dans le désert, ou encore le message vocal de ce vieux pote qu’on n’a pas revu depuis des lustres, et l’espoir renaît. La fatalité n’est jamais loin pourtant et frappe violemment à la porte lorsqu’il apprend que son amie est condamnée.

Construit en allers-retours dans le temps, le film dévoile petit à petit la vie du couple et de leur ami, des débuts de leur relation au moment du diagnostic, en passant par le quotidien éreintant et l’impuissance qui en découlent. Jamais larmoyant, le récit transmet avec authenticité et beaucoup de pudeur la traversée d’une telle épreuve. À travers cette tranche de vie, le film dessine les contours d’une amitié d’exception, de la dévotion admirable de Dane et de l’éternelle reconnaissance de Matthew qui l’écrivait lui-même dans son article : «l’amour n’est pas un mot suffisamment grand». Un moment puissant.

23.04.2021

4.5

Votre note

Commentaires

Vous devez vous identifier pour déposer vos commentaires.

Login & Enregistrement

Autres critiques de films

Gladiator II

Red One

Venom: The Last Dance

Lee Miller