L'Art du mensonge Etats-Unis 2019 – 109min.
Critique du film
Rien ne reste enterré à tout jamais
Bill Condon en maître du thriller. Un escroc qui s’entiche d’une veuve fortunée, ancienne professeur à Oxford. Adaptation du roman de Nicholas Searle, L’art du mensonge est une simple arnaque à l’ampleur inattendue.
Roy Courtnay (Ian McKellen), le roi de l’entourloupe, le maestro de l’arnaque. Sa nouvelle cible se nomme Betty McLeish (Helen Mirren), une veuve riche à millions. Une première rencontre et voilà que Betty se laisse facilement duper, séduite par le charme et l’élégance de Roy. Mais la petite mascarade va prendre une autre tournure. Le petit tour de passe-passe va investir des sentiers inattendus et dangereux. « L’art du mensonge » est un nid de complots et de trahisons.
Jouer à un jeu peut entraîner votre perte. Jouer avec le feu peut vous brûler les doigts. Roy est un joueur, un tricheur invétéré, arnaqueur de haut-vol au flegme britannique, à l’élégance d’un gentlemen. L’habit ne fait pas le moine, comme l’explique l’adage. « L’art du mensonge » est un doux bobard, avant d’empiéter sur les platebandes de la dangerosité. Les plis du visage entamé par le temps de Ian McKellen est parfait dans l’apparence - on lui donnerait le bon dieu sans confession -, petit vieillard bien fagoté et charmeur. Habile et drôle que ce Roy, mais l’individu est cruel, capable de faire mal, très mal.
Mais tous ne sont pas aussi transparents qu’ils veulent le faire croire. Bill Condon orchestre la parade nuptiale de Roy, sa grande danse de l’amour (factice), avant que le film ne nous réserve une analepse intrigante, en guise d’acmé. L’escroc à la classe naturelle traine derrière lui de belles casseroles. Mais alors, comment Betty se rend compte de la supercherie. « L’art du mensonge », tiré du roman de Nicholas Searle, passe de l’amusement à la gracilité d’événements tragiques; la posture de demoiselle en détresse incarnée par Betty cache une vérité froide.
Les différentes couches font du métrage une «enquête» bien fichue, à la mécanique bien huilée, assez divertissante pour nous maintenir jusqu’à son dénouement. Toujours est-il que Condon, imprégnant son histoire de tromperie(s) construite en forme de matriochkas, n’en retire pas la complète profondeur, proposant un registre peut-être trop sage, trop aseptisé. La valse des mensonges s’élève quand Mirren et McKellen se tournent autour, se joue de la sincérité de l’autre, pour enfin aborder une face beaucoup plus sombre. Un film trop appliqué, manquant de mordant, ratant le tournant d’un script prometteur par des flashbacks - lourd héritage du passé - mal imbriqués. En bref!
Un joli tour de passe-passe avec ses limites, intéressant quand Ian McKellen et Helen Mirren s’amusent à dégoupiller. Le passé en toile de fond, le présent comme juge de paix. L’art du mensonge a cette élégance britannique délicieuse, charismatique. Néanmoins, dans sa posture et sa mise en scène, le plaisir s’annule quand le récit évoque les failles du passé. Un goût d’inachevé.
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Commentaires
3.5: Kill Roy
2009, Londres : Roy, un escroc octogénaire, qui ne cesse de dérober des sommes par des transferts frauduleux, pense trouver en Betty, sa prochaine victime en s’inscrivant sur un site de rencontres. Il ne se doute pas qu’il a affaire à une alter ego ayant un lointain secret, et semblant entourée par un fils protecteur.
La voici cette comédie apparemment satirique sur l’art de la tromperie. Je m’attendais à une sorte de détente et me suis finalement retrouvé pris au piège du propos allant plus loin.
Autant vous dire, Tarantino aurait pu être le second titre du film, tant sa présence est omniprésente : par la vision cinéma de 2009 étant un fil rouge indirect; par l’aspect de vengeance bien caché durant sa première moitié et finalement par cette représentation satirique de la glorification de soi au péril des autres, tel ses salopards ou son cascadeur indirectement évoqué.
Et si pas tous les points sont précis et qu’une part de mystère persiste sur l’origine de cette rencontre, la proposition de Condon, brillamment interprétée par un duo extra, ainsi que cette relecture de l’œuvre de Quentin mérite d’être vue...… Voir plus
Très bonne surprise. Alors que je ne songeais qu'à une simple arnaque, j'ai vu un film plutôt extra-ordinaire, jubilatoire, avec un ou deux rebondissements un peu "exagérés", mais ce film m'a stupéfiée dans le meilleur sens du terme. A voir. Il ne faut pas en dire davantage car le suspens dure jusqu'à la dernière image.… Voir plus
“Le vieux de la vieille”
Roy Courtnay fait la connaissance de Betty McLeish sur un site de rencontres. Ce qui intéresse avant tout le vieil homme, escroc expérimenté, ce ne sont pas les beaux yeux de la veuve, mais son pécule amassé.
Le cinéma est l’art de l’illusion et du mensonge par excellence. Hélas, il ne faut pas être très perspicace pour flairer dans cette histoire d’entourloupe où tout paraît factice celle de l’arroseur arrosé. Reste à connaître le pourquoi du comment. Et là, force est de constater que l’explication d’une vengeance froide ancrée dans la Seconde Guerre mondiale touche à l’absurde. Des incohérences, le film n’en manque pas non plus. C’est bien dommage pour son couple d’acteurs – Helen Mirren et Ian McKellen – plus convaincant dans un rapport de séduction intimidé par la fleur de l’âge qu’en s’affrontant mollement, roulades sur le tapis.
5/10… Voir plus
Dernière modification il y a 4 ans
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