Les Baronnes Etats-Unis 2019 – 102min.

Critique du film

De femmes au foyer à criminelles, il n’y a qu’un pas

Emma Raposo
Critique du film: Emma Raposo

Mieux connue pour avoir écrit le scénario du film d’Oliver Stone, World Trade Center sorti en 2006, l’Américaine Andrea Berloff s’essaie cette fois à la réalisation avec The Kitchen, mettant en scène trois femmes de mafiosi irlandais qui deviennent criminelles à leur tour. Un premier film aux multiples faiblesses malgré un casting plus que alléchant.

Hell’s Kitchen, 1978. Un quartier malfamé de New York où la pègre irlandaise fait la loi. Du jour au lendemain, Ruby, Kathy et Claire se retrouvent sans le sou lorsque leurs maris respectifs, barons du quartier, se font embarquer par le FBI et mettre à l’ombre pendant plusieurs mois. Alors qu’elles n’ont jamais travaillé et toujours été dépendantes de leurs conjoints, les trois copines comprennent vite qu’elles vont devoir mettre la main à la pâte si elles veulent survivre.

Bien plus malignes que leurs collègues masculins, elles mettent dans leur poche les commerçants de Hell’s Kitchen, prennent les rênes du quartier et font même alliance avec la mafia italienne de Brooklyn. De femmes au foyer timides et soumises, elles deviennent des criminelles et business women redoutables, capables de démembrer un corps après lui avoir mis une balle dans la tête. Mais la période faste est de courte durée. Les maris emprisonnés sont libérés et ne voient évidemment pas d’un bon œil l’émancipation de leurs compagnes. Personne n’est prêt à céder sa place à la tête du quartier.

Le thème semblait tout choisi en cette période de post «me too» et de libération de la parole des femmes. L’histoire, quant à elle, souffre d’un manque de cohérence et de crédibilité. Ambiance rétro façon années 70, brushing volumineux et vêtements aux imprimés improbables, le tout accompagné d’une bande-son jouissive, le tableau a de sérieux atouts. Mais si la forme donne envie, le fond n’a que peu de consistance. De femmes effacées derrière leurs fourneaux, Ruby, Kathy et Claire deviennent en un claquement de doigts les pires criminelles que le monde ait jamais porté, aussi à l’aise dans l’art de cuisiner le hachis parmentier que dans celui du dégommage d’adversaires gênants. Un scénario bancal qui prend bien trop de raccourcis, rendant l’histoire peu crédible et trop facile. Même les quelques petits twists ne suffisent pas à redonner de la profondeur au scénario

Malgré tout, le film une carte de choix dans son jeu: un trio d’actrices sublimes. La Dream Team composée de Melissa McCarthy, Tiffany Haddish et Elisabeth Moss, fait le job à 100% et parvient à rendre le film distrayant. Si on a plus l’habitude de voir les deux premières actrices œuvrer dans un registre comique, la troisième, Elisabeth Moss, n’est pas étrangère aux drames où la femme est mise à mal, à l’instar de séries comme «Top of The Lake» ou «The Handmaid’s Tale». Ensemble, elles forment un trio décapant, une belle alchimie.

En bref!

De femmes soumises à caïds des faubourgs malfamés de New York, il n’y a qu’un pas? Pas si sûr. Si le scénario de The Kitchen pêche par manque de cohérence et cède à la facilité, le casting féminin, lui, fait carton plein. On ressort de la salle pas vraiment convaincus mais quand même divertis.



22.08.2019

2.5

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Commentaires

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Eric2017

il y a 5 ans

Un bon film où les femmes tiennent les premiers rôles. Situé dans les années 70, cette époque est très bien racontée et reconstituée. Même si le scénario n'est pas toujours très crédible, j'ai passé un excellent moment où ce thriller un peu humoristique passe super bien. (G-03.09.19)


CineFiliK

il y a 5 ans

“Veuves mais pas trop”

New York, 1978. Le quartier d’Hell’s Kitchen est le fief de la mafia irlandaise. Quand le FBI met la main sur trois de ses barons, leurs épouses Ruby, Kathy et Claire se retrouvent sans rien. A elles de reprendre leurs affaires en main.

“This is a man’s world… But it wouldn’t be nothing without a woman or a girl.” C’est sur les paroles de la célèbre chanson que s’ouvre ce film aux élans féministes. Dans la jungle du Manhattan de l’époque, particulièrement bien reconstituée, ces femmes n’ont pas d’autre choix. Mère aimante, épouse soumise ou dévouée, elles ont serré les dents jusqu’à présent. Aujourd’hui seules, il est grand temps pour elles de les montrer. Les louves sont entrées dans la ville. Découper un corps dans une baignoire s’apprend vite. Si bien que leur basculement de l’autre côté de la force paraît étonnement facile.

Argent, violence et trahison, la trame rappelle furieusement celle des Veuves de Steve McQueen, sans la qualité de mise en scène. Loin d’être inintéressante, elle aurait pu faire l’objet d’une série de dix épisodes. Ramassée sur moins de deux heures, elle en devient plus caricaturale et perd en force de frappe.

6.5/10
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Dernière modification il y a 5 ans


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