La Femme à la fenêtre Etats-Unis 2019 – 100min.

Critique du film

Voyeurisme et enfermement mental pour Amy Adams

Sven Papaux
Critique du film: Sven Papaux

Joe Wright («Les Heures Sombres», «Reviens-moi») à la manœuvre d’un thriller htichcockien, passé par tous les états d’âme: des reshoots, une pandémie qu’on connaît tous et des projections test peu concluantes. En ce 14 mai, il est l’heure de juger de «La Femme à la fenêtre», enfin disponible sur la plateforme Netflix.

Anna Fox (Amy Adams) est une psychologue agoraphobe refusant de mettre un pied dans la rue. Après 10 mois enfermée à regarder ses voisins évoluer à travers sa fenêtre, elle est devenue maître en espionnage. L’œil de Moscou va devenir témoin d’une agression brutale depuis sa fenêtre: celle de Jane Russell, une nouvelle voisine débarquée avec sa famille dans le quartier. Anna mixe médocs et vin à la pelle, troublant son esprit et sa réalité avec. Lovée dans sa solitude, son isolement pousse les enquêteurs à remettre en cause ce qu’elle a vu.

Les hallucinations et l’isolement ont-ils fait perdre la tête à Anna? Le ressort principal du métrage pour tenir le spectateur en haleine et lui faire avaler différents chemins de traverse pour cerner l’esprit malade de la psy. Joe Wright s’empare du roman éponyme d’A.J Finn, alias Daniel Mallory, en rappelant la trame empruntée à Hitchcock: des bribes de «Fenêtre sur cour» sur un écran de télé ou un autre extrait de «La Maison du docteur Edwardes». Les références sont bien visibles, comme l’idée de Wright de réaliser un véritable thriller à la Hitchcock. Climat anxiogène et tension au menu, l’atmosphère s’alourdit plus Anna se perd dans la pénombre, cachant de nombreuses failles psychologiques - bien plus que ses troubles d’anxiété. L’objectif ne quittant jamais Amy Adams et son jeu toujours impeccable, «La Femme à la fenêtre» avance dans la vérité opaque qui nous projette dans sa tête, dans cette torture perpétuelle à dénouer le nœud de la vérité.

Si les projections test ont peu convaincu, le retour en salle de montage - presque 2 ans de post-production - a permis au film de tenir une belle cadence, tendue sur 1h41. La performance d’Amy Adams n’est pas anodine, tout comme ces courtes, mais intenses apparitions de Gary Oldman. La pellicule profite également d’une esthétique qui accentue cette sensation de persévérer dans le noir émotionnel. Joe Wright mise sur ce regard (celui d’Anna) unique dans le récit, ne cherchant jamais à basculer vers un autre protagoniste. Les personnages entrent et sortent, dessinent le portrait d’une femme qu’on pense malade et trop portée sur son cocktail explosif de vinasse et de médocs. Un choix judicieux qui n’efface pas totalement l’ardoise de choix douteux: un manque de panache lié à des choix artistiques peu risqués dans les moments cruciaux ou encore cette musique mollassonne de Danny Elfman.

Des réminiscences de «La Fille du Train» de Tate Taylor nous reviennent - une œuvre avec un vrai potentiel et malheureusement gâchée au final. Toujours est-il que «The Woman in the Window» aurait pu être une sacrée tranche, un film qui vous colle à votre siège. Mais Joe Wright a failli à sa tache. Le final qu’on peut qualifier de raté ajoute une dose négative au résultat d’ensemble, mais n’exclut pas les qualités certaines du métrage. Un thriller paranoïaque qui nous permet une petite montée cardiaque par-ci, par-là, tentant de masquer sa production chaotique. Disons que le naufrage n’a pas eu lieu.

10.03.2023

3

Votre note

Commentaires

Vous devez vous identifier pour déposer vos commentaires.

Login & Enregistrement

CineFiliK

il y a 3 ans

“Le crime était loin d’être parfait”

Voilà plus de dix mois qu’Anna n’est plus sortie de chez elle. Agoraphobe, dépressive, elle reste cloîtrée dans sa grande et vieille maison new-yorkaise. Ses journées, cette psychologue pour enfants les passe à épier son voisinage. En face, les Russell viennent d’emménager. Un soir, leur fils Ethan sonne à sa porte.

L’allusion est claire et assumée dès les premières images. Alfred Hitchcock présente une revisite de sa fenêtre sur cour. Ajoutons-y le couteau de Psychose et l’escalier de Vertigo. Adaptée d’un roman à succès, l’histoire est donc connue et ne brille guère par son originalité. L’héroïne fragilisée par l’alcool et les médicaments rappelle furieusement la fille du train. Le jeu reste le même et consiste à évaluer le degré de paranoïa et la crédibilité du témoin gênant. Sans suspens au regard des films de référence, le dénouement est trop vite présumé. Et l’on s’étonne qu’un personnage craignant l’extérieur laisse autant d’inconnus entrer si facilement en sa maison. Rien ne tient et tout s’effondre dans un final plus que grotesque. Clair-obscur aveuglant, couleurs criardes et réalisation bâclée parachèvent l’imperfection de cet échec. Grande déception pour le casting étoilé – Amy Adams, Julianne Moore, Gary Oldman et Jennifer Jason Leigh – qui, surjouant ou inexistant, n’a plus qu’à baisser le rideau.

(3.5/10)Voir plus

Dernière modification il y a 3 ans


Autres critiques de films

Gladiator II

Red One

Venom: The Last Dance

Le Robot Sauvage