This Is Not a Burial, It’s a Resurrection Italie, Lesotho, Afrique du Sud 2019 – 120min.

Critique du film

Pour que les vivants vivent et que les disparus reposent en paix

Emma Raposo
Critique du film: Emma Raposo

Premier métrage de fiction d’un réalisateur sotho, This is not a Burial, It’s a Resurrection, sous la direction de Lemohang Jeremiah Mosese, ouvre les portes d’un conte empreint de peines et de souffrances, de poésie et d’espoir aussi, en suivant les traces d’une veuve rebelle.

Il y a des décennies en arrière, on l’appelait la Plaine des larmes. C’est là que vit Mantoa (Mary Twala Mhlongo), une veille femme courbée par les affres du temps et les chagrins qui ont jalonné son existence. Dans son petit village de paysans, la femme doit à nouveau faire face à un grand malheur, la perte de son fils, décédé dans une mine d’Afrique du Sud. Elle qui a déjà dû enterrer ses parents, son mari et sa fille, n’a plus personne à qui se raccrocher et aimerait s’éteindre à son tour. Mais alors qu’un projet de barrage menace d’inonder toute la plaine, le village avec, Mantoa se redresse, et résiste aux autorités au nom des morts qui reposent sous ces terres, et au nom des vivants qui les peuplent.

C’est un griot croisé au détour d’un bar qui nous livre le récit de la petite dame en noir prête à s’élever contre bien plus grand qu’elle afin de sauvegarder les tombes des siens, ainsi que celle qu’elle s’est elle-même creusée. Au fil des paroles du conteur, la rebelle fait preuve d’autant de résilience que de force et de détermination face au pouvoir capitaliste galopant.

Présenté à la Mostra de Venise en 2019, This is not a Burial, It’s a Resurrection a remporté le « Spécial Jury Prize for Visionary Filmmaking » au Festival de Sundance en 2020. Filmé dans les montagnes du Lesotho, le métrage embrasse à la fois une dimension politique, sociale et mystique en parcourant l’histoire de Mantoa, une veuve déterminée à ne rien céder afin d’être enterrée auprès des siens. Au-delà de la fiction, c’est un message engagé que Lemohang Jeremiah Mosese fait passer. Dans la réalité, le Lesotho, gros exportateur d’eau où les barrages pullulent, voit nombre de ses populations rurales relocalisées dans des centres urbains, devant abandonner au passage leur toit, leur mode de vie et leur identité.

À un rythme volontairement lent, tirant quand même trop en longueur parfois, le métrage écrit et réalisé par Lemohang Jeremiah Mosese se lit comme une série d’images figées dans le temps, une succession de diapositives comme le suggère le format carré du film. Faisant la part belle aux plans contemplatifs composés avec soin, aux couleurs contrastant avec le noir de l’habit de la vieille femme, les images de cette dernière revêtent par moments un aspect quasi christique. Avec This is not a Burial, It’s a Resurrection, Lemohang Jeremiah Mosese impose son propre langage cinématographique, dépouillé du superflu. Du film, on retiendra encore la brillante performance de l’actrice sud-africaine, Mary Twala Mhlongo, décédée en 2020.

01.09.2021

3.5

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