Forte France 2020 – 95min.

Critique du film

Quelques pas de pole dance pour assumer ses kilos en trop

Emma Raposo
Critique du film: Emma Raposo

La bonne copine ronde et rigolote toujours sur le banc de touche qui décide de renverser la tendance, le matériel de base de Forte ne brille pas par son originalité. Melha Bedia, sœur de Ramzy, lance l’idée, co-signe le scénario et incarne le rôle principal de cette comédie sans grande saveur réalisée par l’actrice et réalisatrice Katia Lewkowicz.

Nour (Melha Bedia) est une jeune femme ronde, pas des plus féminines, passionnée de foot et bonnet vissé sur la tête. C’est la bonne copine qui se douche avec ses collègues de terrain après les matchs, qu’on tape sur l’épaule et avec qui on rigole toujours. Lasse de ce rôle de faire-valoir et après une déception amoureuse, Nour veut enfin séduire. Elle décide de se lancer dans la pole dance, supervisée par une coach un peu particulière (Valérie Lemercier) et très investie dans sa mission: transformer Nour en une femme sexy et confiante.

Ultra populaire au cinéma en ce moment, le thème inspire plus d’un réalisateur et réalisatrice. Si le mouvement #MeToo a fort heureusement accéléré le phénomène, les fictions à propos des femmes et l’affirmation de leur personne traite du sujet avec plus ou moins de succès. Au tour de la réalisatrice Katia Lewkowicz de mettre en scène l’antithèse de ce qui est socialement considéré comme une femme sexy : une ronde en survêtement, sans maquillage et ardente joueuse de football de surcroît. Pourquoi éviter les clichés quand on peut foncer dedans tête baissée?

Sous couvert d’un discours féministe qui se traduirait en substance par «la féminité c’est avant tout d’avoir confiance en soi», le film se rend coupable d’une multitude de lieux communs. À travers quelques lignes de dialogue parfois douteuses lancées par la coach de pole dance incarnée par une Valérie Lemercier dont on questionne le choix de rôle, le récit ne fait que véhiculer l’éternel concept socialement construit de ce que devrait être une femme séduisante: maquillée, en talons aiguille et pratiquant un sport considéré comme féminin et aguicheur, qui plus est. Dans cette optique, il est clair qu’il aurait été moins aisé de trouver sa féminité en short sur un ring de boxe thaïlandaise.

Et si la morale de l’histoire et les thèmes abordés sont des incontournables, à l’image de l’acceptation de soi ou encore la sororité, Forte déssert sa cause en pataugeant dans des clichés ennuyeux et un récit sans surprise. Ajoutez à cela un trio classique du genre comique avec la meilleure amie mignonne qui emballe tout ce qui passe (Alison Wheeler) et le meilleur ami en quête de sa véritable identité sexuelle et vous obtiendrez un joli pot-pourri de la comédie fourre-tout contemporaine.

En bref!

Une comédie sur l’acceptation de soi sans grande surprise et qui sent le réchauffé, Forte est ce genre de film au schéma formaté qui s’oublie à peine sorti de la salle.



16.03.2020

1.5

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