The Grudge Etats-Unis 2019 – 94min.

Critique du film

Vaine tentative de redémarrage.

Sven Papaux
Critique du film: Sven Papaux

Érigé comme l’un des classiques horrifiques de la culture pop, «The Grudge » se refait une beauté en 2020, sous l’impulsion de Sam Raimi (production) et Nicolas Pesce à la réalisation. Un remake bancal et convenu.

Le Ju-on, malédiction japonaise, trace sa route vers l’ouest et se pose dans la maison des Landers. La rancune en cheveux noirs, la rage comme arme fatale et la mort pour clore les débats. Une malédiction qui nous vient tout droit de Tokyo pour atterrir en Pennsylvanie. Le reboot de The Grudge - tiré des films de Takashi Shimizu - nous présente une première famille, celle de Fiona Landers (Tara Westwood). Un soir, de retour de Tokyo, elle massacre sa petite fille Miranda et son mari. Une affaire qui a marqué à jamais le détective Goodman (Demian Bichir), et qui s’apprête à hanter une autre détective: Muldoon (Andrea Riseborough).

En 2004, sous la houlette de Toby Wilkins, Sarah Michelle Gellar croisait le fer avec le Ju-on. Un remake du remake au menu. Il y a comme un air de réchauffé, d’une sensation déjà négative rien qu’à son entame. Nicolas Pesce, jeune cinéaste de 30 ans et auteur du correct The Eyes Of My Mother, se lance dans une aventure scabreuse.

Les enfants étranges, les fantômes à la peau pâle et des jeux de lumière glauques pour nous filer une bonne chair de poule. Nicolas Pesce s’amuse à construire une histoire truffée de jumpscares pour nous entraîner dans une folie maléfique toujours plus oppressante. Si les intentions sont louables, la terreur passe son chemin. Des effets prévisibles, sans jamais nous scotcher au siège. «L’infection» dont sont victimes les malheureux qui ont osé mettre un pied dans cette maison hantée, se répand comme un traînée de poudre, traînant la mort (atroce) derrière elle.

Muldoon, mère de famille touchée de plein fouet par le décès de son mari, se prend de passion pour cette affaire. Narrativement, elle devient la plaque tournante du récit pour remettre les pièces du puzzle à l’endroit; de la mort atroce des Landers au destin tragique de l’agent immobilier Peter Spencer (John Cho), Muldoon retraverse le cauchemar de chacun. Servant de lien à différentes vies antérieures, Andrea Riseborough fait front au Ju-on, à Fiona, au gouffre de l’enfer aussi conventionnel soit-il.

The Grudge donne cette impression de ne jamais pleinement utiliser son matériau de base, usant jusqu’à la corde des jumpscares, pour combler le vide d’un scénario trop maigre. On hésite même à employer le terme de purge horrifique, aux mouvements lasses et répétés, sans grande consistance, sans grande imagination, sans profondeur, sans inventivité, cruellement vide.

En bref!

Nicolas Pesce s’est adonné au sport national de beaucoup de cinéastes horrifiques: vous faire sursauter le plus possible. Mais y a-t-il une âme dans tout ça? Pas si sûr…

11.01.2020

2

Votre note

Commentaires

Vous devez vous identifier pour déposer vos commentaires.

Login & Enregistrement

CineFiliK

il y a 4 ans

“Bouh !”

Affolée, l’infirmière à domicile Fiona Landers quitte Tokyo plus vite que prévu afin de retrouver sa famille en Pennsylvanie. Elle ne mettra pas longtemps pour tuer époux et enfant avant de se suicider. Deux ans plus tard, le détective Muldoon, nouvelle venue dans la région, va reprendre l’enquête suite à la découverte d’un autre cadavre.

Il est dit que lorsqu’on meurt la rage au ventre, cette colère imprègne le lieu du décès. Si l’on y pénètre ensuite, la rancune nous poursuivra à jamais. Fidèle à ce principe, le film efface tout suspens en annonçant d’emblée la condamnation de chaque intrus à une lente agonie. Afin de combler ce manque, il mise sur la surenchère. Le scénario entremêle les temporalités pour introduire des personnages déjà fragilisés – couple attendant un enfant malade, personnes âgées, jeune veuve. Les sursauts horrifiques se multiplient artificiellement avec un goût prononcé pour la putréfaction. Renonçant à l’ambiance japonisante de ses origines, la franchise tombe ainsi dans le déjà-vu et l’insipide. Que fait-on quand on a peur ? On ferme les yeux et compte jusqu’à 5… au risque de s’endormir.

5/10Voir plus

Dernière modification il y a 4 ans


Autres critiques de films

Gladiator II

Red One

Venom: The Last Dance

The Outrun