Los lobos Mexique, Etats-Unis 2019 – 94min.

Critique du film

Une touche de douceur dans l’adversité

Sven Papaux
Critique du film: Sven Papaux

Le deuxième long-métrage, autobiographique, de Samuel Kishi Leopo conte une histoire qui emprunte des sentiers semblables à ceux de Sean Baker et son Florida Project. Une fable intéressante et poignante, entrecoupée d’explosions d’images animées. Une réussite!

Un enregistrement, tel un chuchotement d’enfant à un autre, du Mexique à Albuquerque, au Nouveau-Mexique. Lucia (Martha Reyes Arias) est venue avec ses 2 enfants chercher un nouveau départ au pays de l’Oncle Sam. Pendant que leur matriarche cumule les petits jobs pour subvenir aux besoins, les 2 enfants, Max (Maximiliano Nájar Márquez) et Leo (Leonardo Nájar Márquez) vont se constituer un petit monde imaginaire en attendant le retour de leur mère.

L’innocence face à l’âpreté de l’immigration. Avec Los Lobos aucun misérabilisme, loin de là, une simple fresque aussi désarmante que sensible. Samuel Kishi Leopo construit avec peu, comme ces 2 frangins de 8 et 5 ans dessinant les murs d’un petit appartement dénué de meubles, sans âme, proche de l’insalubrité. Remplir les vides Une magie s’opère et prend forme, des dessins qui évoquent le chemin vers la fracture culturelle, le choc pour des enfants déracinés et sans figure paternelle. Une mère qui si tue à la tâche et des enfants projetés dans la solitude, sans contact avec d’autres enfants pour jouer.

La simplicité du récit et la symbolique du titre - Los Lobos se traduit de l’espagnol par les loups - conjugue le lien solide qui règne entre ces 2 enfants et cette mère. Avec pour objectif, pour Max et Leo, d’aller à Disneyland, l’aîné se dresse face à sa mère, instaurant un rapport de force et soulignant l’absence et l’importance de la figure paternelle. Tout est là, dans la complexité d’un rôle de mère célibataire. Los Lobos est un combat intime à la narration poignante et sensible. La performance de Martha Reyes Arias, exposant la tristesse sur son faciès, harassée par la situation, est digne d’éloges.

Cette expérience d’immigration à travers le prisme d’enfants délaissés est une belle surprise. Une réussite de sincérité incarnée par 2 gosses fatigués par les interdits et l’attente insoutenable pour leur jeune âge. Mais le pire reste cette impatience découlant de cette sortie tant désirée : «We want to go Disney, can I have a ticket, please?» doivent-ils apprendre pour oser espérer cette virée à Disney. De la modestie du film dégorge une empathie, un regard aimant sur une femme qui culpabilise «d’abandonner» ses enfants dans ce petit appartement vidé et habillé de simples esquisses enfantines. Sans artifice et efficace.

21.05.2021

4

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