Mare Suisse 2020 – 84min.
Critique du film
Oser franchir le pas
Présenté lors de la Berlinale 2020, Mare est le nouveau long-métrage de la réalisatrice suisse Andrea Štaka, qui avait notamment remporté le Léopard d’or pour Das Fräulein au Festival de Locarno en 2006. Le film nous plonge dans le quotidien d’une épouse et mère de famille croate qui aspire à plus de liberté.
Mare mène une vie paisible avec son mari et ses trois enfants adolescents sur la côte croate, non loin de l’aéroport de Dubrovnik. Bien qu’elle éprouve un amour incommensurable pour sa famille, Mare cherche à s’éloigner de sa routine quotidienne. Un jour, un homme, plus jeune qu’elle, débarque dans son voisinage et les deux entament une liaison. Sans cesse tiraillée entre son cocon familial et sa soif d’aventure, Mare va devoir trouver sa voie.
Spécialement écrit pour l’actrice Marija Škaričić avec laquelle la cinéaste Andrea Štaka avait déjà collaboré sur ses précédents films Das Fräulein et Cure – The Life of Another, le rôle de Mare se révèle complexe et d’une grande richesse. Épouse aimante et mère de famille dévouée, cette héroïne du quotidien se trouve pourtant à un moment charnière de sa vie. Ses enfants grandissent et elle perçoit un changement dans la relation qu’elle partage avec eux. Si elle aime toujours autant son mari, elle rêve aussi de plus d’indépendance.
Elle va en quelque sorte trouver une certaine forme de liberté dans cette aventure avec ce séduisant Polonais presque tombé du ciel. Le charme opère instantanément et les deux personnages vont chercher à se rapprocher de plus en plus. Difficile toutefois d’y voir autre chose qu’une relation portée sur le sexe tant l’amant de Mare est peu loquace et pas franchement développé d’un point de vue scénaristique. Il représente néanmoins cette idée de prise de risque et ce moyen pour elle de retrouver des sensations qu’elle n’avait plus connues depuis sa jeunesse. On aurait pu imaginer dès lors que cette liaison entraîne des conséquences importantes et qu’elle apporte un souffle bienvenu au récit, mais ce n’est pas vraiment le cas. Au contraire, le film peine à décoller et tourne un peu trop en rond.
Bien sûr, ce n’est pas un hasard si la réalisatrice a construit son histoire autour d’un aéroport la présence des avions, symboles de l’échappatoire par excellence, renforce le contraste frappant entre le désir de fuite qui entoure les protagonistes et le cadre de l’image qui a tendance à enfermer Mare et ses proches, oppressés par les compositions serrées de la cinéaste. Mais le choix du super 16mm apporte heureusement une touche sensuelle à l’image, ainsi qu’une sublime lumière qui berce les trop rares moments où la nature est mise en avant. À défaut d’un récit mouvementé et d’une image aérée, on retiendra donc surtout la performance solaire de Marija Škaričić et le soin apporté à ce riche portrait féministe.
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