Nobody Etats-Unis 2020 – 92min.

Critique du film

L’insignifiance avant un marasme de violence

Sven Papaux
Critique du film: Sven Papaux

L’heure de la folie meurtrière a sonné pour Bob Odenkirk. Dans Nobody, sous les ordres de Ilya Naishuller (Hardcore Henry), l’acteur de 58 ans va zigouiller du mafieux russes dans un ballet de munitions et de poings.

Hutch Mansell (Bob Odenkirk) est un père de famille semble-t-il sans histoire. Menant une vie bien rangée, sa vie de famille va prendre un tournant au cours d’un cambriolage. Alors qu’il refuse d’intervenir pour envenimer la situation, il perd le respect de ses proches. Mais méfiez-vous de l’eau qui dort, Hutch n’est pas un simple employé, son passé reste obscur et les zones d’ombre sont nombreuses. Une piqûre de rappel qui aura pour conséquence un déferlement de violence.

L’accroche donne le ton: «les gens les plus insignifiants sont parfois les plus dangereux.» Nobody est le film qui évoque un homme aux apparences pataudes, sans réelles compétences, se laissant bercer jusqu’à sa future retraite. Mais comme sa phrase d’accroche l’indique, il faut éviter de se fier aux apparences - souvent trompeuses. Perçu comme un bon à rien par son fils Blake (Gage Munroe) et un homme passif par sa femme Becca (Connie Nielsen), Hutch tombe le masque et démarre sa folie létale. Les chargeurs se vident et les cylindrées rugissent, le festival peut démarrer. Une surabondance de violence qui atteindra son apogée le jour où Hutch s’attaque au frère d’un mafieux russe. La goutte d’eau qui fait déborder le vase et voilà qu’un quelconque employé d’une entreprise familiale se laisse aller à la gâchette facile, réveillant ses instincts (les plus primitifs) pour contrer la vendetta russe.

Un flot de brutalité qui flirte avec le comique, dans un déluge de sang et de cadavres chauds. Orchestré par Ilja Naischuller, après son premier métrage Hardcore Henry, et écrit par Derek Kolstad, scénariste attitré des films John Wick, la poésie n’a pas droit au chapitre. Vous voyez le genre? Une foule de clichés transformée en film d’action survitaminé où même Christopher Lloyd (éternel Doc de la saga Retour vers le futur) s’offre un rôle de taille face à une horde de russes revanchards. Aussi improbable qu’efficace, Nobody dévoile une overdose d'ecchymoses; parfois indigeste par sa mise en scène, parfois simpliste dans son dispositif. Mais l’aspect cocasse gomme certaines de ses carences narratives, comme la plus-value de sa figure principale. Le film doit une fière chandelle à Saul Goodman - personnage des séries «Breaking Bad» et «Better Call Saul» -, euh pardon, à Bob Odenkirk dans le costume du gaillard à la folie réprimée. Mention spéciale également pour Aleksei Serabryakov, qui en fait des tonnes, mais nous ravit sous les traits du vilain parrain russe. En somme, vous débranchez le cerveau et sortez les bonbons et popcorns, et l’expérience sera joyeusement brutale!

11.07.2024

3.5

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