Ron Débloque Royaume-Uni, Etats-Unis 2020 – 107min.

Critique du film

Un petit robot déficient pour meilleur ami

Emma Raposo
Critique du film: Emma Raposo

Premier long métrage d’animation de la société Locksmith Animation, Ron Débloque met en scène un petit garçon maladroit, marginalisé par une société où la technologie fait fi des contacts humains. Une critique douce amère d’un monde ultra-connecté, où les dérives technologiques prennent souvent le pas sur les bonnes intentions.

Barney est a priori un jeune garçon comme les autres. À cela près que, pour aller à l’école, c’est sa trottinette cabossée qu’il chevauche, alors que tous ses camarades enfourchent leur B-bot, petite machine de haute technologie ultra-connectée créée par Bubble, une entreprise aux faux airs d’Apple, qui promet à ses petits utilisateurs de se faire plein d’amis. La B-bot est le jouet phare des écoliers, et accessoirement le rêve de Barney. Lorsque le jour de son anniversaire arrive et qu’il reçoit un kit pour collectionneur de pierres, il fait mine d’être enchanté devant son père et sa grand-mère. Tant pis, le petit garçon au grand cœur continuera d’être la risée de l’école.

Loin d’être dupe, son père décide de se mettre en chasse du fameux petit robot. Et le lendemain matin, Barney se réveille avec une B-bot trônant fièrement au milieu de sa chambre. Mais la joie sera de courte durée quand le garçon réalise que sa B-bot ne fonctionne pas comme elle devrait. Défectueuse, la machine surnommée Ron ne fait rien comme les autres. Dès lors, Barney est contraint d’apprendre à Ron comment bien se comporter, ou plutôt comment ressembler aux autres. Et pourtant, de ces « défauts » va naître une fabuleuse amitié entre Barney et Ron, les précipitant dans une aventure périlleuse pour sauvegarder leur lien si précieux.

Au départ, le concepteur de la B-bot avait pensé la machine comme outil pour favoriser les rencontres entre enfants ayant les mêmes centres d’intérêt. Dans la réalité, et pervertie par un CEO peu scrupuleux, la B-bot isole et n’a pour but que de pousser à la consommation abusive. Mais lorsque Ron débarque, avec tous les dysfonctionnements qui le caractérisent, l’amitié, la vraie, se révèle à beaucoup d’enfants : imparfaite et chaotique, avec ses hauts et ses bas, mais authentique et merveilleuse.

Le thème des réseaux sociaux, de la technologie et la façon dont les enfants doivent s’en détacher, a déjà fait l’objet de quelques films d’animation. Pas plus tard que cette année est sorti Les Mitchell contre les machines sur Netflix, et son défilé de robots envahissant le monde. Réalisé par Sarah Smith, Jean-Philippe Vine et Octavio E. Rodriguez, Ron Débloque ne propose rien de particulièrement nouveau, mais reste qu’il s’en extirpe un message à la fois très évident et effrayant : si pour certaines générations, aller au contact des autres semble couler de source, pour les plus jeunes, nées dans l’ère ultra-connectée des réseaux sociaux, les likes et vidéos Tik Tok ont remplacé les tapes dans la main et les parties de cache-cache.

À travers les déboires d’un jeune garçon, de son ami robot, et de toute une ribambelle de personnages attachants, les scénaristes Sarah Smith et Peter Baynham mettent en lumière comment la technologie peut remplacer nos réflexes les plus élémentaires, comme sociabiliser. Une fiction pas si éloignée de la réalité.

27.10.2021

3

Votre note

Commentaires

Vous devez vous identifier pour déposer vos commentaires.

Login & Enregistrement

Autres critiques de films

Gladiator II

Red One

Venom: The Last Dance

Le Robot Sauvage