Cinq Nouvelles du Cerveau Suisse 2020 – 100min.
Critique du film
70 milliards de neurones pour détruire l’humanité?
Une plongée dans la matière grise humaine, cette matière qui nous guide et nous permet de penser, de faire fonctionner notre corps. Jean-Stéphane Bron propose 1h45 dans les méandres du cerveau grâce à un documentaire étoffé et passionnant, sélectionné aux prochains Prix du cinéma suisse.
Aujourd'hui, la course entre l’intelligence artificielle et l’intelligence humaine est ouverte et acharnée. Les chercheurs découvrent peu à peu les sentiers mystérieux du cerveau humain, alors que les progrès sont ahurissants dans le domaine de l’intelligence artificielle. Nommé dans la catégorie meilleur documentaire au dernier prix du cinéma suisse, le documentaire de Jean-Stéphane Bron s’applique à questionner l’hypothétique réplique d’un cerveau humain sur ordinateur, et l'idée de connecter notre moteur aux machines. Fascinant ou inquiétant, l’aventure est absolument vertigineuse.
Et vertigineux est encore trop sage comme qualificatif tant cette percée est affolante. Aussi présenté aux dernières Journées de Soleure, 5 nouvelles du cerveau est, comme le souligne Bron lui-même, l’arrivée de la science-fiction dans les laboratoires. Pour ce faire : 5 récits à travers 5 experts avec des regards - différents - sur le futur de l’être humain. Disons que la valeur cardinale qui anime les 5 sommités des neurosciences est celle de «l’évolution incontrôlée». Il n’est plus question des aventures de Michael Crichton et plus récemment de Jonathan Nolan et Lisa Joy avec «Westworld», mais cette fois-ci d’une fiction qui tend à devenir la réalité. Les questionnements sont légion et nous sautent aux yeux et aux oreilles. La plus significative est peut-être celle de la reproduction d’un cerveau grâce à l’intelligence artificielle. Mais surtout, comme une ombre dérangeante, la réflexion de la perte de contrôle: les robots vont-ils nous supplanter ?
À cette question, les réponses sont évasives et le spectateur reste là, livré à lui-même, prompt à se poser ses propres questions et à trouver ses propres réponses. Jean-Stéphane Bron ne s’érige pas en grand penseur, mais laisse sa caméra glisser sur un sujet tentaculaire et nous adresse les questionnements d’un futur plus ou moins proche. La science-fiction fait donc partie intégrante de la science et nous confronte à des dilemmes qu’on pensait si lointains. Le cerveau, notre talon d’Achille? Une énième question qui se pose, puisqu’il est concevable que ce gros bloc luisant de 70 milliards de neurones puisse porter en son cœur le déclin de l’humanité. La fascination pour la recherche de la perfection est assurément, durant une heure quarante, une mise en relief du crépuscule annoncé de l’humanité… par les siens.
Après avoir cadré la perfection de l’art dansant avec L’Opéra de Paris, Bron cadre l’art scientifique dans toute sa complexité. Une équation humaine qui varie entre philosophie et technologie, ajoutez encore de la psychologie et vous avez un alliage dont vous ne ressortirez pas indemne. D’où ce vertige et cette chute dans les méandres d’un organe mystérieux aux multiples embranchements, qui pourrait évoluer en simulation dans le futur…
Votre note
Commentaires
“A. I.”
Le cerveau, machine complexe, extraordinaire et mystérieuse. Peut-on le reproduire, le surpasser, le transcender ? Cinq neuroscientifiques partagent leurs expériences et interrogations.
Le couteau suisse Jean-Stéphane Bron se triture les méninges et nous encourage à en faire de même. Comment se définissent nos intentions ? Qu’est-ce que la conscience ? Les robots seront-ils dotés d’une âme ? Apprendront-ils à apprendre ? Remplaceront-ils un jour l’humain ? Le domineront-ils ? Ne sommes-nous qu’une étape sur le chemin de l’évolution, programmés à disparaître ? Fascinés, ces scientifiques ne sont-ils pas en train de jouer avec le feu au risque de nous brûler tous ?
Moins créatifs peut-être que les documentaires précédents du réalisateur – Le génie helvétique, Cleveland contre Wall Street, L’expérience Blocher –, ces cinq tête-à-tête suscitent plus de questions que de réponses. C’est avec un intérêt teinté d’inquiétude qu’on les appréhende. Dans les laboratoires, science et fiction ne font plus qu’un.
(7/10)… Voir plus
Dernière modification il y a 3 ans
Vous devez vous identifier pour déposer vos commentaires.
Login & Enregistrement