a-ha: The Movie Norvège 2021 – 108min.
Critique du film
Bien loin de l’expérience A-ha.
Jeunes hommes, Furuholmen et Waaktaar s’exprimaient dans un journal local. Ils allaient devenir des stars internationales, la Norvège étant trop petite pour eux. Influencés par des groupes comme Joy Division et The Velvet Underground, ils déménagent à Londres. Après quelques années compliquées, le duo trouve enfin son chanteur, une maison de disques et un producteur. La chanson « take on me » devient un succès mondial, marquant toute une génération par sa mélodie accrocheuse et son clip astucieux diffusés en boucle.
A-ha n’est pas qu’un simple groupe pour jeunes adolescentes. Voilà ce que le film essaye de nous raconter. Toujours actifs, Magne Furuholmen, le claviériste, Pål Waaktaar, le guitariste, et Morten Harket, le chanteur à la voix d’or, continuent les tournées. Et il est clair que le groupe n’est pas fondé sur des relations proprement amicales. Ainsi découvrons-nous à l’écran les différentes personnalités des membres, les conflits et les tensions inhérentes au groupe. Exposant plusieurs années de leurs vies, nous les suivons à Londres après leurs succès, ou à la suite de l’échec de leur deuxième album.
Malgré des entretiens inédits avec le trio, le documentaire offre bien peu de nouvelles informations, et, sauf pour quelques inconditionnels de la première heure, l’ensemble aura sûrement du mal à rencontrer son public. De nombreuses autres interviews restent en hors champs, les compagnes et les épouses commentent les désaccords, bien qu’elles ne soient jamais montrées à l’écran. Elles auraient pourtant pu partager bien plus. Inez Andersson, épouse de Harket, explique notamment que le groupe manque aujourd’hui de motivation, et qu’ils n’ont toujours pas réussi à produire leur meilleur album. Un projet probablement déjà compromis si l’on en croit les déclarations de Furuholment sur les difficultés de travail avec le groupe : « C’est une lutte constante. Un ensemble de grincements de dents, de regards méchants et de retards... ».
Aucun historien de la musique ni critique ne sera ici introduit, personne pour apporter un éclairage professionnel sur les querelles entre les membres et nous aider à les contextualiser. Le sujet reste très superficiellement traité. Le réalisateur Thomas Robsahm aurait pu creuser un peu plus. Il est bien dommage de voir qu’il ne s’interroge jamais sur l’authenticité artistique ni sur l’héritage de A-ha, pourtant préoccupation majeure du musicien Pål Waaktaar. Alors nous restons là à observer les visages vieillissants et grisonnants de ces anciennes idoles se lamenter sur les difficultés de la vie de pop star. Lauren Savoy, femme de Waaktaar, résume vraiment bien le dilemme : « Avoir autant de succès est une chance incroyable. Il faut en profiter. Ce serait presque un péché que de ne pas se rendre compte de tout ce que l’on possède, quand on a tant. »
La musique et les nombreux extraits de concerts sont la vraie force du film. La nostalgie nous frappe, nous transportant dans le monde haut en couleur des années 80. Les tubes de A-ha, bien plus nombreux que ce que nous pourrions penser, nous font danser sur nos sièges. Bien que les membres ne se parlent presque plus, A-ha remplira pourtant bientôt les stades du monde entier. Si la tournée américaine d’avril 2022 est déjà complète, des billets pour celle d’Europe en mai sont encore disponibles.
(Traduit et adapté de l’allemand par Maxime Maynard et Théo Metais.)
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