Fabrice Eboué, pour son 4e long-métrage, s’amuse à liquider des végans à tour de bras dans une comédie gore et romantique. Un joyeux film d’horreur, à l’humour bien senti et qui évite d’échafauder une œuvre militante.

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Vincent (Fabrice Eboué) voit sa boucherie vandalisée par des militants anti-viande. Sa femme, Sophie (Marina Foïs), y voit une nouvelle raison de le quitter. Son couple qui sombre et sa boucherie saccagée, Vincent va retrouver par hasard l’un des casseurs sur son chemin. Résultat : il le tue accidentellement. Pour s’en débarrasser, il va en faire du jambon que sa femme va vendre par mégarde. Le succès est tel que les clients font la file pour en acheter. Alors pourquoi ne pas continuer ?

Des corps découpés et transformés en jambon… d’Iran. L’idée (morbide) de Vincent a fait la renommée de son établissement. Des meurtres d’antispécistes à foison pour une nouvelle vie. Devant et derrière la caméra, l’humoriste et acteur réussit un (petit) coup de maître en dégommant une communauté de militants versant rapidement dans la violence. Humour décapant et insolence à son paroxysme, les excès des vegans sont associés aux excès de l’industrie agro-alimentaire, des petites manigances pour vendre de la viande de piètre qualité - les chèques sont rois pour ces vendeurs de viande. Tout le monde en prend pour son grade dans un réceptacle de caricatures.

Des dialogues percutants et des blagues féroces, Barbaque est le film (par excellence) qui fait un bien fou en cette période d’hygiénisme. Pour un récit lissé, passez votre chemin, Eboué ose tout et aligne les répliques tordantes sur broche, dans une boucherie à ciel ouvert. Autre petite drôlerie, et ce grâce à une Marina Foïs étrange et loufoque, la folie tueuse du couple est bercée par les récits de « glorieux » tueurs en série, que Christophe Houdelatte (oui, oui «Faites entrer l'accusé») décrit dans les mêmes décors que l’émission.

Un couple totalement déconnecté de la réalité, pour une comédie saignante et noire redorant le blason d’un cinéma français comique bien terne - et affreusement convenu. Et c’est tant mieux, tant la joyeuse partie sanguinaire illumine un genre qui peine à se réinventer ces dernières années. Avec Barbaque, vous avez du gore frontal et une proposition parfois désordonnée - on déplorera un final bâclé -, mais vous avez au moins un comédien et réalisateur désireux de sortir des carcans. Fabrice Eboué a le mérite de s’amuser et d’amuser le spectateur en le « choquant », bien que le qualificatif soit un peu fort, proposant une foire d’empoigne entre deux clans qu’on pourrait facilement taxer de stupides. Efficace!