Don't Breathe 2 Etats-Unis 2021 – 99min.
Critique du film
Rebelote manquée pour « Don’t Breathe »
Plus de 157 millions de dollars engrangés et voilà que Don’t Breathe s’offre une suite. Le vétéran aveugle a délaissé le mal et s’est tourné vers Dieu. Mais chassez le naturel, il revient au galop. Norman Nordstrom est de retour.
Dans le premier volet, Norman Nordstrom (Stephen Lang) séquestrait la femme qui avait accidentellement tué sa fille. À présent, le père éploré a trouvé les voies du Seigneur et une vie plus paisible. Quelques années ont suffi pour un changement radical, mais en une fraction de seconde, les vieux démons du vétéran aveugle reviennent…
Méchant devenu héros, voici le pari de Don’t Breathe 2. Basculement d’un état à un autre, les péchés expiés et la paix retrouvée. Mais la violence n’est jamais loin. Norman va, en compagnie d’une jeune fille nommée Phoenix (Madelyn Grace), laisser transpirer ses traits les plus barbares pour contrer une équipe de gros balourds. Nordstrom est de retour au jeu, balançant de gros parpaings pour signifier que si les voies du Seigneur sont impénétrables, ses coups peuvent… pénétrer des mâchoires. Même la carcasse entamée par le poids des années, Norman va protéger son lopin de terre et surtout sa « fille ».
« Dieu est juste » assène-t-il. Cette simple phrase lancée à Phoenix est censée amortir les pulsions monstrueuses d’un repenti. Pour rappel, il a violé et assassiné. Mais dorénavant il respire le pardon. Dans ce second volet, c’est un déluge de violence qui prend le pas sur le récit. Une vraie boucherie déguisée en thriller brinquebalant. Mais le pire dans ce scénario écrit par Fede Alvarez et Dodo Sayagues, c’est cette notion de pardon qui ne fonctionne pas. À parachuter le tout-puissant dans ce délire sanglant, la rédemption paraît bien éculée quand Norman exécute ces anciens soldats rapatriés d’Irak. Raylan (Brendan Sexton) a d’ailleurs cette phrase qui peut faire sourire: « nous sommes des soldats de déshonneur qui avons combattu dans une guerre de déshonneur. Cela fait de nous des hommes d’honneur. ».
Cette citation démontre une forme d’acceptation de la violence, de validation du rite sacrificiel sur l’autel de l’abjection.
Sur ce point, « Don’t Breathe 2 » se transforme en un défouloir à haine sans établir une réelle limite des vilenies perpétrées. Une navigation entre la froideur des coups et le ressentiment. Les soldats, des êtres limités moralement par les douleurs encaissées, laissant une languide frustration s’abattre, perdant de leur sens de l’honneur et du bien. Dodo Sayagues (également à la réalisation) et Fede Alvarez en font un récit brutal, mais tout ça reste très maigre. Hormis quelques jolies séquences - visuellement -, une ville de Détroit toujours aussi cinématographique et un Stephen Lang convaincant, « Don’t Breathe 2 » flirte avec la mauvaise série B, loin du résultat du premier film. Peut-être que le problème réside (aussi) en l’absence de Fede Alvarez derrière la caméra.
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