Vaillante Canada, France 2019 – 93min.
Critique du film
Hommage aux combattantes du feu
Rares sont les bons films d’animation ne sortant pas des écuries Disney ou DreamWorks. C’est pourtant le cas de ce long-métrage franco-canadien du duo Laurent Zeitoun (Ballerina) et Theodore Ty, ici aux commandes de leur première réalisation et qui suit, avec humour et anti-sexisme, le combat d’une adolescente prête à tout pour devenir pompier.
Enfant, Georgia Nolan (Alice Pol) rêvait de devenir la première combattante du feu de New York avant que son père Shawn (Vincent Cassel), pompier retraité devenu tailleur, ne la décourage par peur de la perdre. Dix ans plus tard, alors que la ville n’accepte toujours pas les pompières dans ses rangs, la jeune fille va saisir sa chance lorsque son père doit reprendre du service pour enquêter sur un(e) artiste pyromane. Pendant quelques jours et grâce à la complicité de sa chienne, Georgia sera Joe, un aspirant pompier qui travaillera aux côtés de deux autres recrues dans l’espoir d’être enfin acceptée.
Avec une introduction pétillante aux ralentis comiques et commentés par une voix-off, le film démarre au cœur de l’action quand Georgia, petite fille, s’imagine en conductrice téméraire dans les rues de sa ville. Celle-ci est d’ailleurs superbement reconstituée avec ses couleurs chaudes, son multiculturalisme, ses rues à angle droit, le tout porté par une animation maîtrisée qui assure le passage des années 20 aux années 30. Les conflits qui vont s’y jouer pour Georgia n’en sont d’ailleurs pas moins intéressants. Ses obligations filiales se confrontent aux disputes avec son père, et entre le métier monotone de couturière, les trépidantes aventures quotidiennes qui lui sont interdites et la nécessité de démêler les faux-semblants pour définir son identité, Georgia est à la croisée des chemins.
Après la présentation de ses protagonistes, tout de suite attachants dont la dalmatienne Amber capital mignonnerie du film, l’histoire fait un bond d’une décennie pour nous mettre face à la menace du récit, certainement la plus grande qualité de l’œuvre : le mystère entourant son antagoniste. Si le jeu de fausses pistes peut tenir en haleine le jeune public, ce qui saura ravir toutes les spectatrices restent les éblouissants visuels au sein des théâtres incendiés auxquels se confrontent les personnages, lesquels s’accompagnent de fumée violette, de poudre à canon rose et d’impacts rouges aux plafonds tels ceux de météores. Un impressionnant décorum rehaussé par une bande son inquiétante au piano, puis à la guitare, qui accompagne les frayeurs de l’héroïne en vue subjective.
Et malgré toutes ses qualités techniques, le long-métrage fait mine de quelques menus défauts : anachronismes, facilité des ressorts scénaristiques, manichéisme. Puis, Vaillante s’enfonce lorsqu’il désamorce les séquences émotionnelles avec l’intervention du capitaine Neil (Elie Semoun) ou lorsqu’il aborde avec ridicule et minimise le racisme au travers de Miss Laura Devine, une chanteuse noire, et de Jin et Ricardo, les deux coéquipiers de Georgia. Malgré toute sa bonne volonté, et aussi charmant soit-il, le métrage du studio montréalais L'Atelier ne manquera pas quelques écueils, de quoi rendre presque inoffensifs, des sujets pourtant si fondamentaux.
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