CH.FILM

Jill Suisse 2021 – 101min.

Critique du film

De l’utopie bucolique au cauchemar du monde extérieur

Critique du film: Laurine Chiarini

De l’utopie bucolique au cauchemar du monde extérieur

1er long métrage de l’Américano-Suisse Steven Michael Hayes, Jill suit une famille américaine dans la quête idéaliste d’une vie meilleure, proche de la nature. Résonnant singulièrement avec des drames dont les médias se font régulièrement l’écho, superbement servi par ses – parfois très jeunes – acteurs, le film brosse un portrait radical des dérives d’une société dans laquelle certains ne se retrouvent plus.

Jill est l’histoire d’un père de famille qui, de son idée initiale d’idéal de vie proche de la nature, s’enfonce peu à peu dans une paranoïa violente vis-à-vis du monde extérieur. Des années plus tard, Jill, benjamine de la famille, tente de comprendre la lente descente aux enfers.

En 2022, une famille de cinq personnes se jetaient l’un après l’autre dans le vide, sans un bruit, dans la petite ville de Montreux, en Suisse. Adeptes de doctrines survivalistes et complotistes, l’enquête aura démontré plus tard que l’acte, minutieusement préparé, aurait été déclenché par l’arrivée de la police, venue s’enquérir de la scolarité du fils. En Amérique notamment, les communautés rassemblant des adeptes d’un même idéal, vivant complètement en marge de la société et des règles officielles, ne sont pas rares.

Dans un tel contexte, le film revêt une signification redoutablement efficace et un triste air d’histoire qui se répète. Les premières images, bucoliques, montrent une famille ayant fui une existence que l’on devine conventionnelle pour s’installer dans une habitation en pleine nature, proche de l’idéal paternel. Autour d’une maison construite pour l’occasion, toutes les prises de vue ont été tournées dans une forêt du Jura suisse. Le montage, qui alterne entre l’enfance de Jill, la benjamine, et sa vie d’adulte, pose rapidement le décor : d’utopie idéaliste, l’histoire s’est mal terminée.

Le langage de la caméra s’adapte parfaitement aux contours de la rhétorique du père. Dans son discours, « les autres », ceux du dehors, ne sont jamais explicitement décrits. Se concentrant sur des scènes d’intérieur ou des plans rapprochés à hauteur de personnage, l’atmosphère se fait plus oppressante à mesure qu’augmente la paranoïa du père. Alternant entre une Jill adulte qui cherche des réponses et des scènes de son enfance, le récit dresse un portrait de famille dans lequel certains restent, alors que d’autres ne font que passer, dans un enchaînement des plus convaincants.

17.04.2023

3.5

Votre note

Commentaires

Vous devez vous identifier pour déposer vos commentaires.

Login & Enregistrement

Eric2017

il y a 1 an

L'histoire de cette famille avec 4 enfants vivant en marge de la société dans une forêt m'a un peu fait penser à l'histoire de Unabomber. Mais voilà, tout est possible jusqu'à l'adolescence des enfants......
Ce film dramatique est prenant d'un bout à l'autre. Bien que très brefs. les allers et retours ont été judicieusement placés aux montages. Une musique parfaite accompagne les images. Quant aux acteurs(trices) ils sont tous à la hauteur y compris les 4 enfants. Un très bon film. (G-07.05.23)Voir plus

Dernière modification il y a 1 an


Autres critiques de films

Gladiator II

Red One

Venom: The Last Dance

Le Robot Sauvage