Le réalisateur israélien Amos Gitai s’essaie au film choral avec une œuvre mettant en lumière les problématiques modernes de son pays.

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Dans la ville portuaire d'Haïfa en Israël, un club se prépare à accueillir ses clients pour la tombée de la nuit. Tandis que Khawla (Khawla Ibraheem) s’occupe du bar, Laila (Maria Zreik) prépare l’exposition photographique de Gil (Tsahi Halevi), alors que Bahira (Bahira Ablassi) tente de faire entendre son message de résistance. Dans un environnement propice aux rencontres, ces personnes de tous horizons se confrontent, se rejoignent et s’apprivoisent au fil de la nuit.

Le postulat de départ est simple et accrocheur : un club dans la ville portuaire de Haïfa, traversé par les allées et venues d’hommes et de femmes de tous horizons. Amos Gitai donne à voir cet établissement comme un microcosme à l’image de la société israélienne actuelle, dans laquelle se côtoient hébreux et arabes, hommes et femmes, mais aussi diverses orientations sexuelles. Leurs différents points de vue se confrontent, se rejoignent et se rejettent de manière assez convaincante dans le portrait très hétérogène de son pays que brosse le réalisateur.

Les désaccords entre ces personnages sont également l’occasion de revenir sur les profondes tensions politiques, puisque le conflit israélo-palestinien n’est jamais bien loin des consciences, d’autant plus qu’en ce lieu une résistante palestinienne peut rencontrer les puissants du camp adverse. Le bar s’érige alors comme un motif habile permettant de mêler la grande Histoire aux récits personnels.

Le propos de fond est théoriquement captivant et plutôt bien amené, tout en étant magnifié par la photographie colorée et contrastée par les néons et autres lumières du club. Malheureusement, la plus grande force du film est aussi son plus grand défaut. Si les dialogues abordent des thématiques passionnantes, ils n’en sont toutefois pas moins surécrits et très appuyés. Malgré une distribution solide portée par de formidables actrices, les répliques n’ont rien de naturel et semblent bien trop élaborées, et cela n’est pas aidé par une mise en scène très distante, parfois même théâtrale.

Ces personnages ont plutôt l’air d’avoir été placés là afin de déclamer de grands discours sur la société que pour évoluer dans leur environnement. Résultat, on peine à être touché par un long-métrage pourtant pétri de bonnes thématiques tout à fait pertinentes. À vouloir traiter de tout de manière très grave, Gitai risque de laisser son audience sur le côté avec son propos fourni dans un film paradoxalement assez oubliable.