Land of Dreams Allemagne, Qatar, Etats-Unis 2021 – 113min.
Critique du film
Malheur à celles et ceux qui rêvent encore
Réalisé par le duo de cinéastes iranien.ne.s expatrié.e.s Shirin Neshat et Shoja Azari et co-écrit par le regretté Jean-Claude Carrière, Land of Dreams ressemble à bon nombre de films revendiquant Lynch comme influence : énigmatique, satirique mais finalement creux.
Shirin (Sheila Vand) traverse chaque jour les petites villes conservatrices du Midwest sous la chaleur écrasante. Agente du bureau du Census, elle est chargée de récolter les témoignages de gens ordinaires sur leur quotidien, et surtout leurs rêves. Lorsque la rejoignent Mark (William Moseley), un suivant pot-de-colle, et Alan (Matt Dillon), un homme de main taciturne, commence pour Shirin une remise en question des buts de son employeuse.
Une jeune femme iranienne s’éveille dans un grand éclat de blancheur. Elle sort d’un motel, s’avance dans le désert et retrouve sa mère, puis son père allongé. C’est le début du rêve halluciné auquel nous convient Shirin Neshat et Shoja Azari. Dans un exercice meta, l’actrice Sheila Vand interprète une employée qui rejoue en farsi les récits des personnes qu’elle rencontre, s’imprègne de leurs vies en les photographiant, les fait siennes jusqu’à ne plus pouvoir distinguer les rêves de la réalité.
Ambigu d’abord, avec le bureau du Census et ses motivations qui ne seront jamais explicitées, Land of Dreams devient ensuite carrément nébuleux avec son ballet de personnages bidimensionnels, qui s’entrecroisent sans but. Aucune explication ne sera donnée et l’exercice semble ne servir que de vain constat de l’état désolant des États-Unis. Les vignettes d’illustration du racisme ordinaire, auquel est confronté Shirin, sont, ainsi, au mieux naïves, au pire dangereuses à ne jamais tenter d’expliquer l’origine de ce conservatisme.
Dans les paysages désertiques, de nuit, magnifiés par Ghasem Ebrahimian, rien ne se passe ou presque. L’exploration de l’expérience d’immigrante de Shirin, en miroir avec celles des réalisateurices, et sa rébellion tardive se heurtent aux tentatives psychanalytiques de trouver un sens aux rêves dans un monde qui n’en a plus.
Jamais acerbe, toujours grossier ou superficiel, Land of Dreams convaincrait s’il avait pris le temps de s’attarder sur l’intériorité de ses personnages et de la domination dénoncée.
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