Maria rêve France 2021 – 93min.

Critique du film

Danses sous les regards de marbre

Critique du film: Eleo Billet

Après un court-métrage en duo avec déjà Grégory Gadebois dans un rôle central, Yvo Muller et Lauriane Escaffre se retrouvent pour une comédie romantique au déroulement aussi attendu que ses comédien.ne.s et le décor des Beaux-Arts de Paris sont merveilleux.

Maria (Karin Viard) est une femme de ménage introvertie qui, prise par l’habitude, n’a jamais pensé à changer de profession. Lorsqu’elle est engagée à l’École nationale supérieure des beaux-arts, elle découvre que les moisissures ou les créations farfelues des étudiant.es ont une valeur artistique et émotionnelle égale aux poèmes qu’elle écrit en secret. Sa rencontre avec Hubert (Grégory Gadebois) le gardien danseur et casanier, et une étudiante fantasque (Noée Abita) va l’aider à découvrir son corps et ses désirs.

En s’ouvrant sur les tentatives de déhanché de Grégory Gadebois, Maria Rêve embrasse une légèreté bienvenue dans le paysage des romances françaises. Le personnage de Karin Viard, femme de ménage cinquantenaire la tête encore pleine d’envies, serait pourtant l’archétype de l’héroïne romantique si elle ne cachait pas d’autres facettes, dévoilées au détour d’un dialogue avec le gardien Hubert : si elle aime son travail, c’est parce qu’il lui permet d’être invisible et d’observer les inconnu.es à volonté.

Au cœur du film, une installation artistique qui traduit les mouvements en formes colorées offre une scène poétique dans sa simplicité. Puis, c’est la rencontre des corps aux milieux des créations des autres, toujours mises au premier plan par Yvo Muller et Lauriane Escaffre. Certes, Maria Rêve reste cousu de fil blanc comme lorsqu’une étudiante, qui représente des vulves par des coquillages, inspire Maria à poser comme nue, mais Noée Abita y réussit son passage à des rôles d’adulte touchante. En outre, le duo à l’écriture et à la réalisation amène en filigrane le thème du mépris des dirigant.es des institutions prestigieuses vis-à-vis du personnel, qu’iels n’imaginent pas apprécier l’art contemporain, mais sans qui iels ne pourraient créer.

Alors que la mise en scène reste parfois confinée aux plans larges et que certaines sous-intrigues plus graves ne dépassent pas l’esquisse, Maria Rêve se révèle un écrin de choix pour apprécier le jeu de ses interprètes confirmé.e.s et charme par son traitement de la romance principale et des espoirs de celleux qui nourrissent leur âme d’artistes par des poèmes, des paysages ou des sculptures biodégradables.

(Festival du film français d’Helvétie 2022)

22.09.2022

3.5

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Commentaires

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CineFiliK

il y a 2 ans

“Art-thérapie”

Femme de ménage depuis vingt ans, Maria perd son travail en raison du décès de son employeuse. A l’École des Beaux-Arts, où elle retrouve un emploi, un autre monde s’ouvre à elle.

A quoi rêve Maria ? Aux poèmes qu’elle écrit dans le RER la menant loin de sa banlieue. A sa fille qui ne lui parle plus. A son gentil mari portugais figé dans le canapé à écouter du fado. A cette robe de Cendrillon ensanglantée qui s’expose en classe. A ces sculptures et mobiles qui moisissent comme toutes ces années perdues. Et à l’atypique Hubert, le gardien de l’établissement qui pourrait se transformer en prince presque charmant.

Arpenter les longs couloirs de ce labyrinthe mêlant classique et chaos artistique a de quoi émoustiller le balai. Il est amusant de se confronter à la créativité des jeunes élèves, même si l’œuvre jetée par mégarde à la poubelle ou les vulves prises pour des conques sont des facéties sans surprise. Il y a davantage d’idées quand l’héroïne effacée devient œuvre ou lorsque ses particules et fluides lumineux se mélangent à ceux de son partenaire, le temps d’un baiser. Passons sur les clichés et faux-accent lusitaniens plus que maladroits et le côté « petite souris » de Karin Viard qui agace aussi. Face à elle, l’ogre de tendresse Grégory Gadebois est heureusement présent pour l’élever.

(6/10)Voir plus

Dernière modification il y a 2 ans


Eric2017

il y a 2 ans

Et oui j'y suis retourné tant ces deux acteurs sont vraiment géniaux. Un film qui vraiment fait rêver. (G-06.10.22)


Eric2017

il y a 2 ans

C'est un film touchant avec une Karine Viard magnifique et un Grégory Gadebois excellent. Tous les deux naviguant dans l'émotion et la tendresse. Certes il n'y a aucune surprise mais ça fait tellement de bien. Un très grand plaisir à voir cette comédie romantique. (G-28.09.22)


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