Le Torrent France 2021 – 102min.

Critique du film

Rivière sèche

Critique du film: Colin Schwab

Pour son sixième film, Anne Le Ny livre une froide intrigue dramatique manquant terriblement d’ambition.

Lison (Capucine Valmary), une lycéenne de 18 ans, s’apprête à passer le week-end chez son père, Alexandre (José Garcia), et sa nouvelle femme, Juliette (Ophelia Kolb). Suite à la découverte de photos compromettantes que Lison a malencontreusement trouvées, une dispute éclate au sein du couple. Alors Juliette s’en va. En essayant de la ramener à la maison, Alexandre causera involontairement son décès. D’abord prêt à dire la vérité, il se rendra compte que le caractère involontaire de son acte risque d’être mis en question si certains des événements de cette soirée font surface. Il se prête alors au mensonge et plonge dans une cascade de tourments, dans laquelle il entraînera sa fille.

Filmé dans la froideur et l’humidité des montagnes vosgiennes, Le Torrent est un film chirurgical, dont rien ne dépasse. Fixe et aseptisé. Un scénario qui se referme sur lui-même ; pas de question à laquelle on ne répond pas ; aucune scène, aucun dialogue, aucun geste ou autre sourire qui ne serve pas la trame principale. Des plans toujours stables, des modalités de mises en scènes invariables, n’incarnant pas les changements du récit.

Mais chirurgie n’est pas cinéma, et cinéma pas chirurgie. Car l’intérêt d’un film ne réside-t-il pas dans sa capacité à faire dépasser? À laisser des zones d’ombre où le film peut s’affranchir de son cadre? Ici, hors de l’intrigue simpliste livrant une morale convenue sur l’importance de l’honnêteté, l’on ne développera réellement aucun autre thème, aucune autre piste. Aucun son, aucune image qui permettrait de penser, de sortir.

L’opération médicale de Anne Le Ny enlève la vie plus qu’elle ne la donne. Et même les acteur.ice.s ne pourraient réanimer ce métrage, enfermés dans des personnages que le scénario ne considère que comme des fonctions, pas comme des êtres. Exemple type de cette observation, Darius (Zéphyr Elis), petit frère de Lison, qui ne fera que répéter les deux mêmes phrases «Elle est où maman ?» et «Est-ce qu’on peut appeler maman?» même lorsqu’il sait qu’elle est décédée. Ce dernier occupe vraisemblablement la fonction «être mignon et essayer d’émouvoir le public» du scénario.

Peut-être est-ce donc ça qui dérange le plus face au film, l’impression que ses créateur.ice.s n’ont même pas essayé de nous livrer une œuvre vivante, tant tout y est si convenu et désincarné. Alors, en cette froide fin d’année, préférez la chaleur vivifiante des films animés par un semblant d’ambition.

29.11.2022

1.5

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Commentaires

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Eric2017

il y a 1 an

Un très bon thriller avec un José Garcia excellent. C'est un classique dans le genre, mais il y a une grande tension dans la totalité de ce film. Attention aux petits mensonges, il peut en découler un engrenage irréversible. Dussollier magnifique, tout comme la jeune Capucine Valmary. 100 minutes qui passent très vite. (G-30.11.22)Voir plus


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