Présidents France 2021 – 100min.
Critique du film
Présidents un jour, présidents toujours!
Elle avait réalisé le drame policier Police en 2020, Anne Fontaine fait un virage à 180 degrés et embrasse le genre comique pour les besoins de son nouveau film dans lequel elle met en scène Jean Dujardin et Grégory Gadebois incarnant deux ex-présidents en mal d’action, embourbés dans leur petite vie de papis retraités bien rangée.
Nicolas (Jean Dujardin) prend son café le matin, passe l’aspirateur dans son salon, a un minuscule clébard surnommé Sugus, et est marié à Natalie (Doria Tillier), une chanteuse lyrique. François (Grégory Gadebois), lui, coule des jours paisibles dans la campagne corrézienne aux côtés de sa vétérinaire de femme, Isabelle (Pascale Arbillot). Il joue du saxophone, chevauche volontiers son vélo électrique à travers champs, et cultive son propre miel. Tout semble rouler comme sur des roulettes pour les deux anciens présidents désormais retirés du brouhaha politique. Mais voilà, l’action, l’adrénaline et la soif de pouvoir ne peuvent se troquer si facilement. On ne passe pas du devant de la scène à l’anonymat quasi total en 3 tours de tracteurs.
Alors que le paysage politique est marqué par une Marine Le Pen omniprésente, l’arrivée de nouvelles propositions seraient de bonne augure. Nicolas se met alors en tête de se sortir lui, ainsi que François, de l’ennui abyssal dans lequel ils se sont enterrés en s’embrigadant en duo dans une nouvelle campagne politique qui aurait pour ultime but de rafler le siège présidentiel. Tour de force ou échec programmé? Qu’importe! Les deux hommes que tout oppose sont déterminés à retrouver leur vigueur d'antan.
Sachez que «toute ressemblance avec des personnes existantes n’est purement pas fortuite». Vous voilà avertis! En aucune façon un biopic, pur produit fictif inspiré ici et là de la réalité, sans ambition pourtant d’imiter au trait près les vrais personnages, Présidents imagine ce que pourrait être la vie des anciens présidents maintenant que le pouvoir n’est plus entre leurs mains. Le pouvoir justement, thème toujours délicat, mais abordé ici avec une dérision rafraîchissante grâce à des dialogues impeccables concoctés par Anne Fontaine. Et comme pour toute personne de pouvoir retraitée, la vraie question est: comment gérer le vide post-quinquennat? Quel rôle, quelle tâche et quel but reste-t-il après avoir été l’homme le plus puissant du pays?
Sur fond de comédie potache, le film met en exergue la relation addictive au pouvoir et la quête de sens. Sans se censurer de quoi que ce soit et parodiant finement, Présidents réussit l’exploit de caricaturer avec empathie ces deux protagonistes, aussi différents que complémentaires, les rendant attachants.
Si vous étiez en mal de rires, Présidents saura vous détendre la mâchoire. Parce qu’il faut bien l’avouer, voir Jean Dujardin en Nicolas Sarkozy avec les quelques mimiques et erreurs de français qui caractérisent l’ancien chef d’État français a de quoi mettre de bonne humeur. Petit bonbon de ce début d’été, Présidents est une bonne comédie française, bien ficelée et poilante qui se mange sans appétit.
Votre note
Commentaires
Ce film est une jolie fable où Dujardin dans le rôle de Nicolas est excellent. Il est un peu plus difficile de parler de Gadebois dans le rôle de François qui dans la vraie vie nous a moins marqué. Des dialogues très soignés pour un casting excellent. Doria Tillier en chanteuse d'opéra représentant Carla est également magnifique. Bref un très bon et audacieux divertissement. (G-13.07.21)… Voir plus
“Vive la République !”
Ancien chef de l’État, Nicolas redoute qu’une vague bleu marine ne submerge les prochaines élections. Il s’en va donc en Corrèze, sur les traces de François, son meilleur ennemi, pour lui proposer une alliance contre nature.
Toute ressemblance avec des personnages existants est bien entendu fortuite. D’ailleurs, l’un mesure 1,82 m, quand l’autre laisse éclater sa colère sur un court ou lorsque le prénom Emmanuel se murmure à son oreille. Et même si les deux retraités ont aussi la mémoire tenace des chiffres 2012 et 2017, cela n’a évidemment rien à voir.
La politique tricolore a rarement été aussi badine, surtout en ces temps de campagne brutale et d’abstention record. Il suffit de pas grand-chose à OSS 117 pour enfiler le costume étriqué de son personnage : tics nerveux, gigotement et ambition démesurés. Quant à Grégory Gadebois, une couleur et des lunettes lui apportent cette normalité caractéristique. L’imitation totale est heureusement évitée. Rive droite, rive gauche, la barque louvoie avec une certaine habileté entre la caricature et la satire. Nicolas perd au scrabble, passe l’aspirateur et toilette son ratier Sugus. Pendant ce temps, François, l’apiculteur, conduit tracteur et vélo électrique, jouant l’amour est dans le pré sur un saxophone. Autour de ces messieurs gravitent les premières dames, inquiètes et lucides, et des gardes du corps aux bons mots comptant triple. Mutine, Anne Fontaine s’amuse en affabulant un éventuel retour. Plus courtois que caustique, le résultat est encourageant. Hollande a bien ri. Quant à Sarkozy, refusant modestement d’appréhender toute œuvre impliquant sa personne, il a déclaré apprécier le choix de Jean Dujardin pour l’incarner. Quand la réalité rattrape la fiction, vive la République, vive la France !
(7.5/10)… Voir plus
Dernière modification il y a 3 ans
Le temps perdu
2021: Nicolas et François, anciens présidents de la République, trouvent la gestion de crise invraisemblable et le premier cité ne rêve que de prendre à nouveau le pouvoir au grand dam de son amie Nathalie, brillante soprano et d’Isabelle épouse de François et vétérinaire. Un retour est-il possible?
La voici donc cette satire annoncée sur l’attachement au pouvoir et ses conséquences. On pouvait s’attendre à une féroce satire sur cette obsession, mais un autre point prend le dessus.
Si la politique et vous faites deux et que les Guignols sont une mascarade à vos yeux, je vous déconseille l’expérience car le temps vous paraîtra long. Si vous avez aimé vous moquer de l’un ou l’autre membre du duo, vous pouvez vous sentir à l’aise sur la première demi-heure très bonne, où les oppositions et les présentations de la vie après l’Elysée est joyeusement illustrée non sans clichés, avant que cette improbable désunion donne lieu à, à mon sens, une invraisemblable issue sur un plan politique, mais jubilatoire satire sur le sérieux d’une élection. Et le message final laissé par Anne Fontaine fera vraisemblablement plaisir à beaucoup et irritera d’autres.
Gadebois est exquis en François adepte d’un célèbre auteur, et Dujardin nous peint un Nicolas semblant changé mais restant au final la même bête politique encaissant les coups.
Se laisse donc voir… Voir plus
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