Annie Colère France 2022 – 119min.

Critique du film

Lumineux combat pour l’avortement

Théo Metais
Critique du film: Théo Metais

La cinéaste Blandine Lenoir retrouve Laure Calamy pour raconter l’histoire passionnante du combat pour l’avortement alors que la Loi Veil est en passe de changer la France.

En février 1974, Annie (Laure Calamy), femme mariée et mère de deux enfants, travaille dans un atelier de fabrication de matelas et tombe enceinte. Ne pouvant accueillir cette nouvelle grossesse, elle rejoint l’une des antennes du MLAC. Elle y découvre une précieuse entreaide et le parcours de ces femmes, qui, comme elle, souhaiteraient recourir à un avortement sans danger. Épaulée par un corps médical qui doucement soutient la cause, et aux côtés de cette institution qui entend faire bouger la loi, Annie se découvre une force particulière.

Entre les pages de la thèse de la sociologue Lucile Ruault consacrée au MLAC et la mobilisation des femmes pour l’avortement en France, Blandine Lenoir a trouvé le sujet de son troisième long métrage. Rappelant 120 battements par minute qui mettait en lumière le combat des années Sida au sein du mouvement Act’Up, Annie Colère sera une célébration du MLAC (Mouvement pour la liberté de l'avortement et de la contraception) pour réveiller ce morceau d’histoire éventé. L’occasion de rendre hommage à cette entraide, qui, aux portes de la Loi Veil, a proposé à ces femmes une alternative, leur évitant de s’avorter elles-mêmes et au péril de leurs vies.

Et Laure Calamy d’y être époustouflante. Étincelante au milieu d’une distribution solaire (Zita Hanrot, India Hair, Éric Caravaca); à travers son engagement et sa vie de famille, le long-métrage devient un formidable matériel éducatif autant qu’un précieux moment de cinéma. Libérant la parole sur la sexualité, dévoilant à l’écran le geste délicat de l’avortement par aspiration (Méthode de Karman) et l’impérissable pouvoir de la médecine qui voudrait que les avortements ne soient pratiqués que par des médecins, Blandine Lenoir et Axelle Ropert (coscénariste) prolongent à leur manière l’héritage de l’actrice Delphine Seyrig.

«La tendresse, c'est politique!» nous rappelle Annie, et fallait-il qu’elles en fassent un si bon usage. Quoi de mieux pour parler des années 70 qu’un film choral planté sur le lit de fortune d’une salle d’avortement. Et peut-être faudra-t-il voir dans les tremblements de Laure Calamy en tomber de rideau, le présage du siècle à venir. Cette année, sur la Piazza Grande, Blandine Lenoir aura présenté un film lumineux!

(75e Locarno Film Festival)

24.11.2022

4.5

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Commentaires

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Eric2017

il y a 1 an

Encore une fois Laure Calamy est parfaite et totalement crédible dans son rôle car elle a cette faculté de pouvoir être Madame tout le monde. Les scènes d'avortement sont filmées avec une grande pudeur et elles ne sont pas là pour choquer mais pour y montrer la chaleur humaine, la douceur, le dialogue de toutes ces femmes qui entouraient la patiente. Nous sommes en 1973 et toutes ces femmes ordinaires se mobilisaient pour devenir militantes d'un événement intime. (G-31.12.22)Voir plus


marylou_allenspach

il y a 1 an

Un film plein de force et de tendresse


geradupo

il y a 1 an

Le film était offert à Genève en avant-première aux Scala par le BPEV/Bureau de Promotion de l’Egalité et de prévention des Violences. A part le titre que je trouve pas terrible, le film retrace bien la période avant l’acceptation de la loi Veil en France qui légalisait l’avortement. Laure Calamy est top en mère de famille qui devient passionaria et intègre une antenne du MLAC et apporte soutien aide et bienveillance aux femmes désirant avorter. Ce film est un peu le pendant français au film américain Call Jane avec Elizabeth Banks et Sigourney Weaver sorti cette année aussi.Voir plus


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