Broker Japon, Corée du Sud 2022 – 129min.
Critique du film
De gentils marchands d'enfants
Nouveau long-métrage du cinéaste japonais, Hirokazu Kore-eda avait foulé cette année la croisette avec «Broker» («Les bonnes étoiles») et un thème qui lui est cher : la famille "choisie". Song Kang-ho y remporte le prix du meilleur acteur.
Un tailleur (Song Kang-ho) déguisé en prêtre et son assistant (Gang Dong-won) utilisent la «boîte à bébé» d’une église de Busan pour se procurer des nourrissons qu'ils revendent à des couples désireux d'adopter. Une entourloupe qui fonctionne, sauf qu’un jour, la jeune So-young (Lee Ji-eun) part à la recherche de son petit garçon abandonné la nuit précédente.
La mère est d'accord pour remettre sa progéniture à un couple, mais elle veut être présente lors de la sélection des parents et prendre part à la recette. C'est ainsi que la troupe se met en route à travers le pays, avec à leurs trousses un duo d’inspectrices de la police (Bae Doona et Lee Joo-young) qui souhaite les prendre en flagrant délit.
De retour à Cannes après «Une affaire de famille» (Palme d’or en 2018), le cinéaste Hirokazu Kore-eda nous dévoile un road trip en Corée du Sud pour nous parler des bébés abandonnés anonymement. Une entame narrative qui nous plonge au cœur d’un trafic et des constructions familiales alternatives si chères au cinéaste japonais.
Kore-eda étudie en effet la relation naissante entre ces parents et ces enfants et avance l’idée qu’il existe des familles au-delà des liens du sang. Dans «Broker», le cinéaste rebat les cartes des concepts de père et de mère, des statuts qui se méritent, nous dit-il, comme un droit que nous accorderaient les enfants. Et si la société a ses règles, Hirokazu Kore-eda ne s’est pas privé de les réécrire.
Tourné en Corée du Sud avec des acteurs sud-coréens, Song Kang-ho, récemment croisé dans «Parasite», y dévoile une performance remarquable et porte avec le reste de la distribution ce drame social touchant. Si le ton du film oscille parfois entre le larmoyant et le pathos, la bonhomie des personnages, l’humour du cinéaste, son insouciance et la mise en scène en font une œuvre des plus convaincantes.
«Les bonnes étoiles» est un film émerveillé par ses protagonistes et leurs élans surréalistes. Ce sont tous des gentils, au bord même de l’insupportable, et qu’importe qu’ils soient des criminels. Car c’était bien là l'intention du film, l’œuvre d’un cinéaste qui croit en la bonté de l’humain et qui nous invite à faire de même.
(Festival de Cannes 2022)
Traduit de l’allemand.
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Commentaires
4 étoiles pour l’esthétisme de la cinématographie et la scène où le personnage féminin principal remercie tous ces compagnons de cavale d’être nés. C’était
bouleversant de beauté.
“Les adoptés”
Un soir de pluie, dans la banlieue de Busan, une jeune femme dépose son enfant devant une boîte à bébés. Celui-ci est récupéré par deux trafiquants qui chercheront à le vendre. Au loin veille la police.
Après la France, où Catherine Deneuve et Juliette Binoche exprimaient leur vérité, Kore-eda poursuit son exil en Corée du Sud pour y filmer le sympathique parasite Song Kang-ho. Mais force est de constater que le Japonais est plus inspiré lorsqu’il demeure sur ses terres qu’en allant voir ailleurs. L’entame s’avère plutôt confuse, les personnages troubles multipliant des comportements étranges. Au pays du matin calme, les sourcils fins d’un nourrisson semblent choquer davantage que sa mise en vente, alors que dans l’Hexagone l’ordre et la morale refreinaient la tentation de céder un sixième enfant. Le film se détend quelque peu quand la famille recomposée partage de l’espièglerie, laissant le temps aux antihéros de révéler failles et valeurs. Le grave et le léger se mélangent ou se dissocient. Les deux hommes et leur couffin jouent la carte de la douceur tendre face à des femmes plus froides et résignées. Mais c’est dans le dissimulé que le réalisateur nous offre ses plus belles scènes : le temps d’une chanson entendue au loin, souvenir d’un moment cher ; des paroles inaudibles soufflées en plein tunnel ; une main cachant la larme qui coule sur la joue ; et ces mots nécessaires prononcés lumière éteinte : « Merci à toi d’être né. »
(6.5/10)… Voir plus
Dernière modification il y a 1 an
Ce drame coréen est très touchant. Une prostituée, une "Boîte à Bébé", et c'est l'abandon. Tous les personnages de ce scénario se dévoilent petit à petit durant ce road trip ce qui rend le rend très humain. J'aime beaucoup cette manière très délicate de filmer. À recommander. (G-11.12.22)… Voir plus
Dernière modification il y a 1 an
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