On y va ? Suisse 2022 – 115min.
Critique du film
Randonner à travers la Suisse
Entreprendre une randonnée emblématique dans chacun des 26 cantons suisses, c'est ce que souhaite faire un groupe de Weinfelden (TG) devant la caméra de Daniel Felix. Une forme un peu plus élaborée aurait certainement été bénéfique au projet. On y va ? dévoile néanmoins une escapade qui donne, à son tour, envie de faire son sac à dos et de crapahuter en montagne.
Réalisé en 2019, le projet est né sous l’impulsion de Daniel Felix, qui avait déjà tourné plusieurs documentaires en lien avec la Suisse. Ce qui nous frappe dans On y va ?, c’est sans doute la volonté de traiter d’un grand nombre d’éléments de manière didactique. Ainsi, des experts sont interrogés sur l'histoire des chemins de randonnées, la fabrication des célèbres panneaux jaunes, si caractéristiques, ou encore l'entretien des sentiers. Plusieurs graphiques colorés retracent d’ailleurs les différents itinéraires et fournissent des statistiques. On y va ? est ce voyage au cours duquel nous apprenons beaucoup de choses, mais dont les explications paraissent parfois trop complètes, voire trop techniques, en témoigne la longue divagation sur la fabrication des panneaux de signalisation. Le film s'en trouve inutilement alourdi et paraîtra certainement trop long dans son ensemble.
Autre élément qui peine à convaincre : les touches d'humour. Trop brusques, elles tombent pour la plupart à plat, d’autant plus lorsqu’elles rentrent dans le domaine du gag. Notons par exemple la blague récurrente de la charrette que la troupe emmène en randonnée, qui soit ne rentre pas dans le coffre, soit dévale une pente avant de finir amèrement sa course nichée sur le toit d’une voiture. Une autre déception naît de la perspective un peu autocentrée adoptée par les images. En effet, la caméra à l'épaule oscille entre des prises de vues des randonneurs eux-mêmes, les éternels panneaux de randonnée, que l'on finit par connaître par cœur, d’autant qu’ils varient peu d'un canton à l'autre, et des plans rapprochés utilisant une macro naturaliste pour observer les brins d’herbe et les fleurs environnantes. Finalement, et au-delà de quelques panoramas sur des phénomènes naturels spectaculaires, la plupart du temps filmés avec un drone, On y va ? donne l'impression que les randonneurs évoluent toujours dans la même prairie.
Aussi passionnés soit les instigateurs, aussi charmant soit le projet, il en résulte une œuvre assez monotone, aux airs de carte postale filmée, qui omet de mettre à l’honneur la réelle diversité des paysages helvétiques. Le long-métrage manque aussi l'occasion d'aborder la motivation des créateurs et d’approfondir les rencontres avec les personnes croisées au fil de leurs pérégrinations. Une seule fois, un homme apparaît à l'image pour parler de sa propre passion pour la marche – mais là encore le discours s’éparpille.
Hormis la chanson de Michael von der Heides "Hinter dem Berg", un refrain approprié pour le film, le reste de la bande musicale est, hélas, importune, certainement trop envahissante. Le dicton « qui peut le plus peut le moins » aurait probablement pu servir ici, mais On y va ? réussit tout de même une chose, son seul objectif peut-être, celui de vouloir faire perdurer la longue tradition des « wanderer », en nous donnant envie de partir à flanc de montagne, à la rencontre des sentiers de Suisse.
(Un texte initialement publié en allemand, traduit et adapté par Eleo Billet.)
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