Crimes of the Future Liban, Etats-Unis 2022

Critique du film

Du Body-Horror en manque d’horreur

Critique du film: Teresa Vena

C’est un fait reconnu que la croissance autonome de cellules humaines est à l’origine de maladies comme le cancer. Mais que se passerait-il si nous étions capables, par notre propre volonté, de développer de nouveaux organes ? Une paire d’oreilles supplémentaire par exemple. Grand maître du cinéma avec des classiques comme «La mouche» de 1986, David Cronenberg est de retour avec un film énigmatique, huit ans après son dernier long métrage «Maps To The Stars», également présenté à Cannes en 2014.

Saul Tenser (Viggo Mortensen dans sa cinquième collaboration avec le cinéaste) et son assistante Caprice (Léa Seydoux) sont des artistes d’un nouveau genre. Devant un public fasciné, ils opèrent les organes que Saul développe sur son corps par l’utilisation d’hormones. Leur spectacle suscite l’intérêt du nouveau département clandestin de catégorisation des organes, pour lequel travaille Timlin (Kirsten Stewart). Bientôt la police judiciaire se mêle à l’affaire.

À ne pas confondre avec le film du même nom de 1970, aussi réalisé par David Cronenberg, «Crimes of the Future» semble vouloir présenter une vision dystopique de l'avenir, dans laquelle l'évolution biologique de l'homme conduirait à sa torpeur émotionnelle et physique. Et ce ne sont pas les références qui manquent pour créer son univers : de l’artiste française Orlan, spécialiste de la manipulation corporelle, en passant par l'esthétique du célèbre plasticien suisse H. R. Giger ou encore le film Les temps moderne de Charlie Chaplin.

Dystopie sombre à laquelle se greffe du body-horror et des inspirations visuelles éclectiques, «Crimes of the Future» juxtapose des idées vagues et confuses, au point de se transformer en une parodie d’elle-même. Aussi singulière soit-elle, l'esthétique, composée de ces usines putrides, abandonnées et en ruine aura des airs de déjà-vu. Et les personnages, trop nombreux, manqueront certainement d’être approfondis. Il devient compliqué de trouver un fil conducteur ou une quelconque logique à cette histoire.

La distribution, qui n’a pourtant plus à convaincre ni de son talent ni de la versatilité de ses choix, semble mal à l’aise et son jeu, involontairement cocasse et étrange, pourra surprendre. Grand connaisseur du genre, le maître de l’horreur David Cronenberg peine à atteindre le niveau de tension et d’excellence qui fit la réputation de son cinéma. Alors, cette année à Cannes, le constat fut pénible à admettre, mais l'horreur et le dégout, promesses subliminales des œuvres de Cronenberg, ont été loin d’accaparer notre attention.


(Festival de Cannes 2022)


Adapté de l’allemand par Maxime Maynard et Théo Metais.

03.06.2022

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