CH.FILM

De humani corporis fabrica France, Suisse, Etats-Unis 2022 – 115min.

Critique du film

Le corps humain filmé sous toutes ses coutures

Emma Raposo
Critique du film: Emma Raposo

Le documentaire de Véréna Paravel et Lucien Castaing-Taylor fait tomber les barrières du secret et du sacré du monde hospitalier, et montre sans détours les corps. Images inédites sur grand écran, De Humani Corporis Fabrica propose une immersion en terres peu connues.

Il aura fallu plus de 6 ans de travail aux deux anthropologues et cinéastes Véréna Paravel et Lucien Castaing-Taylor pour réaliser «De Humani Corporis Fabrica», dont le titre reprend celui de l’ouvrage de l’anatomiste de la Renaissance André Vesale. Entre étude de terrain approfondie, choix des caméras et tournage, on imagine aisément les barrières tant organisationnelles qu’éthiques pouvant se dresser dans un projet tel que celui-là. La caméra du duo de réalisateurs s’est pourtant faite accepter du personnel soignant et des patients. Les hôpitaux, théâtres d’évènements aussi dramatiques que merveilleux, polarisent les émotions plus que nulle part ailleurs. Ainsi, la morale et l’éthique veulent que ces évènements soient passés sous silence. Le documentaire, lui, brise à bien des égards certains silences.

Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes en 2022, De Humani Corporis Fabrica montre de façon inédite les couloirs d’une poignée de centres hospitaliers de la région parisienne et ceux qui les peuplent. Majoritairement focalisé sur des opérations, on assiste par exemple à des interventions d’un cerveau, d’un œil, d’une prostate ou encore à une césarienne, le documentaire fait tomber les tabous, filme aussi bien les corps décédés qu’une naissance mouvementée, la dissection d’un placenta ou d’un sein atteint d’une tumeur. Des personnes séniles aux corps sous anesthésie, ce qui semblerait impudique d’illustrer de prime abord, fait peu à peu place à une sorte d’expérimentation convoquant les champs scientifique et cinématographique.

On l’aura compris, De Humani Corporis Fabrica n’est pas juste un énième documentaire sur le monde hospitalier. Différent dans son contenu et sa démarche, il diffère aussi dans sa façon de filmer avec une proximité extrême. Grâce à une petite caméra fabriquée spécialement pour le projet par une équipe zurichoise, les protagonistes sont capturés au plus près et parfois très (trop) longuement, donnant l’impression qu’il n’y a aucune frontière entre les sujets et ceux qui les regardent. Le film mélange ces images avec des prises de vues d’imagerie médicale. On s’immisce dans les entrailles du corps humain, laissant apparaître des paysages inconnus. Il faut malgré tout avoir le cœur bien accroché pour visionner le film, tenant du documentaire expérimental et offrant quelques scènes assez crues. mes sensibles s’abstenir.

06.12.2023

3.5

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