Et La Fête Continue France 2023 – 106min.
Critique du film
À trop vouloir fêter
Et la fête continue, nouveau film de fiction de Robert Guédiguian, s’agence autour d’un fait réel : en 2018, à Marseille, deux bâtiments insalubres s’effondrent, tuant huit personnes.
Rosa (Ariane Ascaride), infirmière soixantenaire sur le point de prendre sa retraite, est la pierre angulaire de sa petite famille, composée de son frère, ses deux fils et leurs compagnes. Tous·tes entretiennent des liens à la vie politique ou sociale de la cité phocéenne : Rosa est une personnalité importante de la gauche marseillaise, l’un de ses fils est médecin dans un centre pour migrants, son frère un communiste invétéré, sa belle-fille engagée dans le caritatif. Alors que notre protagoniste tombe à nouveau amoureuse, un vent frais souffle sur ce paysage crispé par les tensions politiques et sociales.
Le long-métrage de Robert Guédiguian a la générosité d’une fête. Il foisonne de personnages, de questions, de réponses, de conflits, d’amour, de musique. Cette abondance fait sens : la diversité d’individus, de conflits internes – identitaires – et externes – politiques, sociaux – qui nous sont présentés créent un véritable fourmillement, nous mettant dans une situation similaire à celle des personnages. Comme elles et eux, nous sommes face à un univers multiple, tiraillé entre déterminations du passé et envies du futur : une complexité d’appréhension pertinente à laquelle le récit, qui n’évolue pas de manière purement causale, ajoute son grain de sel.
Mais cette tendance à pousser les potards au maximum de leur capacité pour que la fête soit grande, belle, et surtout que l’on se permette de la faire recommencer lorsqu’on vieillit – c’est là le joli discours que tient le film – tire parfois sur le trop. L’utilisation de la musique extradiégétique nous le fait notamment ressentir : omniprésente sans que son usage ne se renouvelle – elle souligne toujours l’émotion présente à l’image – elle dénue l’œuvre de ses silences, lui retirant également une partie de sa vraisemblance.
Très théâtral et extraverti, le jeu d’acteur a ce même souci du « trop-plein » qui entrave la crédibilité. La facticité des interprétations devient explicite lors des instants où les personnages incarnent un rôle, se mettent en scène – par exemple, la belle fille de Rosa lit un texte de théâtre – ce car les acteur·ice·s n’y modifient quasiment pas leur mode de jeu. Si la manière d’être d’un personnage au quotidien ressemble tant à son attitude en situation d’interprétation, c’est qu’il existe un problème de dosage à un endroit ou un autre.
Or, ces séquences d’auto mise en scène sont également les seules où le jeu d’acteur n’entrave pas la vraisemblance du film, où l’effet de réel le plus cru se fait ressentir. Le jeu se reconnaît comme tel et ne nous gêne plus. C’est notamment le cas dans la scène de climax du film – de multiples personnes interprètent un texte narrant les événements entourant l’écroulement des immeubles devant une foule silencieuse, sans qu’aucune musique ne se fasse entendre. Soudainement démis des éléments, le plongeant dans l’artificialité, le long-métrage propose ici un vrai moment fort, gagne une ampleur que l’on regrette de ne pas pouvoir observer ailleurs.
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Commentaires
“Un si grand soleil”
Rosa a consacré son existence à sa famille, son travail d’aide-soignante et au civisme. Aujourd’hui, face aux difficultés, la rayonnante sexagénaire, veuve depuis longtemps, hésite à poursuivre ses combats. L’engagement l’épuise. Quand l’amour revient frapper à sa porte.
Sous les yeux pétrifiés d’Homère, deux immeubles vétustes de la rue d’Aubagne à Marseille s’écroulent, emportant avec eux huit âmes victimes. Les images d’actualités rappellent la fébrilité de la ville et du monde en général. Rosa a rempli sa vie jusqu’au trop-plein. La piscine dans laquelle elle se baigne seule la nuit est en train de déborder. Tout comme le film de Robert Guédiguian qui multiplie les sujets. Mal-logement, sans-papiers, hôpital en crise, gauche désunie, héritage arménien… Tout est politique, quitte à rendre le discours sentencieux. Dans son petit théâtre, sa chorale de fidèles qu’on aime surjoue parfois, accentuant certaines répliques comme chez Pagnol. Et c’est sur une scène, sous un projecteur, que se réfugie l’héroïne. Prose, humanité et tendresse se dégagent néanmoins et le réalisateur retrouve foi en une jeunesse qu’il avait sèchement descendue dans son précédent Gloria Mundi. Solidaire et militante, il lui demande de ne pas renoncer. Mer bleue et ciel doré colorent la belle cité phocéenne. Comme le chante Aznavour, en ce pays des merveilles, la misère s’avère moins pénible au soleil.
(6/10)… Voir plus
Dernière modification il y a 10 mois
Beau film, dépeignant à la fois les destins individuels et les engagements sociaux. Pleins de questionnements auquel toutes les générations peuvent s’identifier. Humour, bienveillance, mystère de la vie, tout y est. Film touchant qui sonne vrai!
Pour moi c'est un des mauvais film de l'année. Il n'y a rien dans ce scénario et certes ET LA FÊTE CONTINUE veut dire en France que les emm..... continuent, mais le film aurait pu porter comme titre Place du 5 novembre ou Arménie je t'aime....
Darroussin et Ascaride sont pathétiques.... Dommage mais je dois avouer que je n'ai fait que de regarder ma montre durant tout le film. (G-10.12.23)… Voir plus
Dernière modification il y a 11 mois
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