L'Année du requin France 2022
Critique du film
Quand les plages ferment, la chasse au squale est ouverte
Troisième film des frères réalisateurs Zoran Boukherma et Ludovic Boukherma et leur deuxième incursion dans le genre fantastique. Présenté en avant-première mondiale au NIFFF, L’année du requin entend offrir un nouveau souffle aux films de requins.
Les requins, jusque-là l’apanage des studios étasuniens et australiens suite au succès de Les dents de la mer (1975), sont parodiés par les frères Boukherma dans leur lettre d’amour aux films de série B. Leur œuvre est portée par le jeu de Marina Foïs qui passe avec aisance du rire aux larmes et surmonte même sa peur de l’eau pour les scènes aquatiques tendues. Quelques références à Fargo (1996) dans un environnement embrassant l’identité du Sud-Ouest au son de « La Kiffance » et L’année du requin devient une comédie française qui réussit sa dimension satirique. Puis le film épouse le thriller, le drame, devient poussif et culmine dans la violence là où on ne l’attendait pas.
Si l’animatronique de requin est très impressionnante, le hors-champ reste privilégié et le relatif manque d’action profite surtout aux blagues, aussi lourdes que la canicule, que s’échangent les interprètes, en tête le patriotisme de l’héroïne Maja. Le requin, ce monstre de cinéma depuis longtemps désacralisé, sert ici de métaphore parfois maladroite, comme l’était Teddy, de la montée des extrémismes, de la négation de l’impact humain sur l’environnement et du besoin de désigner un bouc émissaire. Pas de révolution à la plage, mais de belles ambitions qui gagneraient à être plus canalisées. L’année du requin dévoile néanmoins une proposition aussi inhabituelle qu’excitante du cinéma français.
(Festival international du film fantastique de Neuchâtel 2022)
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