Comme cela avait déjà été le cas avec le peintre Jérôme Bosch (Le mystère Jérôme Bosch, 2016), José Luis Lopez-Linarez enfile sa casquette molletonnée d’enquêteur. Il embarque avec lui le regretté Jean-Claude Carrière dans un road trip espagnol sur les traces de Goya où se profile l’ombre d’un invité mystère.

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Camarade de Luis Buñuel, scénariste de renom (Belle de Jour, Borsalino, La Piscine) Jean-Claude Carrière est un véritable ténor du cinéma français. De ceux qui travaillent dans l’obscurité, c’est désormais à son tour d’être face à la caméra. Au pays de Cervantes, le vieux saltimbanque et sa canne arpentent des lieux clés. La maison qui a vu naître l’auteur de La Maja nue à Fuendetodos ou les majestueuses salles du Prado. Les tableaux tout comme les sites visités sont commentés par Carrière : là une allégorie se dévoile, ici l’expression d’un trait de pinceau est mise en exergue. La caméra accompagne sobrement les explications par des travellings ou des gros plans.

La période entre le tournage et le montage du documentaire a été marquée par le décès de Jean-Claude Carrière en 2021. Lopez-Linarez ne s’est pas contenté d’une simple mention au générique. Pour rendre hommage au scénariste, il a intégré des témoignages du monde des arts – Julian Schnabel, Carlos Saura, Guillermo Perez Villalta – et des proches de Carrière. Tous expriment la passion de l’homme pour le peintre et plongent le récit dans une double temporalité : l’analyse des tableaux débouche sans transition aux souvenirs des intimes. L’intention est louable, le résultat un peu désordonné.

Même si le double portrait Goya-Carrière esquissé par Lopez-Linarez est largement accessible, les filiations tissées par le tout se veulent transversales. Si l’on est pris en défaut de se situer à travers l’histoire de l’art, l’ensemble peut perdre de l’intérêt. Hommage émouvant à la trajectoire du scénariste, L’Ombre de Goya par Jean-Claude Carrière se savoure comme un véritable privilège. Celui d’être guidé dans les recoins d’une œuvre par un être d’exception.