Après «Persona non grata», Roschdy Zem repasse derrière la caméra pour nous livrer «Les Miens» dans lequel il garde l’un des rôles principaux. Narrant l’histoire de l’éclatement d’une cellule familiale suite à un accident, le réalisateur se frotte au registre dramatique pour nous donner sa vision de la fratrie. Un film présenté cette année à Bienne au FFFH, et en lice pour le Lion d’or de la 79e Mostra de Venise.

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Moussa (Sami Bouajila), un père de famille doux et attentif, fera une grave chute sur la tête à la suite d’une soirée un peu trop arrosée. Zombifié par ce traumatisme crânien, il deviendra froid et colérique, et emportera avec lui toute sa famille. Entre déchirements et réconciliations, c’est cette étrange reconstruction que l’on suivra dans «Les Miens».

Écrit par Roschdy Zem et Maïwenn, le tandem incarne deux des personnages de leur film, et l’on sent d’évidence la patte autobiographique de l’auteur. Cette famille d’immigrés marocains, croquée sous la caméra d’un Zem campant un personnage absorbé par sa carrière télévisuelle, mais touché par l’accident de son frère, suinte le réel. Le réalisateur construira une chronique tendre, émaillée de disputes sentant le vécu, qui éclatent sur l’écran avec un réalisme saisissant. Autant d’amour que de haine au sein de cette famille explosée par ce soudain incident.

Récit hautement personnel donc, mais au propos parfaitement universel et bourré de vie. Si les personnages n’évitent malheureusement pas quelques clichés (entre la jeune fille influenceuse Instagram et un garçon un peu trop versé dans le conspirationnisme), et si les engueulades trop verbeuses virent parfois au brouhaha, Zem parvient à rattraper son audience grâce à la douceur brute de son propos. Un film de reconstruction, parfois grave, mais jamais plombant, avec un casting parfait.

(Festival du film français d’Helvétie 2022)