Maigret Belgique, France 2021 – 89min.

Critique du film

L’âme d’une ville en peine

Critique du film: Maxime Maynard

Figure légendaire du paysage littéraire francophone, Maigret est de retour dans les salles pour une adaptation du réalisateur Patrice Leconte, maussade et monotone.

Pendant quarante ans, des années 30 aux années 70, Georges Simenon, célèbre écrivain belge, coucha sur le papier les enquêtes de l’un des agents de police les plus célèbres de la littérature. Avec plus de 90 histoires, du roman à la nouvelle, et autant de sources d’inspiration, «Maigret et la jeune fille morte» n’avait pas encore connu d’adaptation. Jusqu’à aujourd’hui.

Gérard Depardieu enfile le costume du policier. Physiquement, il est une évidence, proche de l’imagination même de Georges Simenon. Son jeu, tout en retenu, s’éloigne de ses performances habituelles. Nous devinons aisément la nature sensible et empathique du personnage. Mais la limite entre empathie et antipathie peut être fine. Un scénario questionnable s’essaie à la création d’une relation à l’élan paternel entre Maigret et Betty. Très vite, le récit de l’ouvrage original est abandonné. De nouvelles péripéties sont créées, une nouvelle conclusion révélée. Lecteurs et lectrices avides, soyez prévenus. Les réécritures pourront au mieux surprendre, au pire gêner.

Du Magasin des suicides à la trilogie des Bronzés, Patrice Leconte s’éloigne de ses œuvres précédentes pour nous offrir un long métrage sombre. Une aura mélancolique flotte sur Paris. Une grisaille permanente, que le soleil ne peut éclairer, hante la ville. Le poids du temps se ressent par le cliquetis des aiguilles de l’horloge et le son de la cloche de l’église. Un environnement sonore bien construit, bercé par de rares airs de musique, qui ne peut totalement compenser une lassitude ambiante. La distribution morne, en parfaite harmonie avec les tons ternes et obscures de la pellicule, n’attise que peut l’intérêt. Heureusement, Jade Labeste, dans le rôle de la jeune Betty, et Anne Loiret, en attrayante madame Maigret, infusent une dose de sympathie terriblement nécessaire.

Les fortes identités visuelles et sonores ne suffiront pas à rattraper un scénario bancal. La présence de Gérard Depardieu pourra distraire, mais les vraies stars resteront le Paris des années 50, ses magnifiques costumes et l’ensemble des éléments historiques parfaitement reconstitués. Ce nouveau film Maigret, aura juste ce qu’il faut pour charmer les regards.

26.03.2022

3

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Commentaires

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CineFiliK

il y a 2 ans

“Ceci n’est pas une pipe”

Un soir, Maigret est appelé sur une scène de crime. Le cadavre d’une jeune fille en robe blanche souillée de sang vient d’être retrouvé. Qui était-elle ?

Une pauvre inconnue, comme tant d’autres, montée à Paris dans l’espoir d’une vie meilleure. Pourquoi s’en faire alors qu’elle est déjà morte ? Ému pourtant, le commissaire va s’efforcer de lui redonner un peu de dignité en découvrant son nom et sa vérité.

Les maillons de l’enquête s’enchaînent de manière mécanique. Sans véritable suspens, l’intérêt est ailleurs. La capitale a une gueule d’atmosphère triste et crépusculaire. On n’y voit plus très clair. Comme des fantômes, les âmes grises errent dans ses ruelles, hantent les chambres de bonne et les salons bourgeois, avant de disparaître. Interdit de tabac et sans appétit, Maigret semble éteint, nu. Son épouse ne le reconnaît plus : « Tu n’es plus toi », lui dit-elle.

En effet, l’armure du policier cache mal Depardieu. Ogre au pas si lourd, bibendum massif. Regard vide, mais voix tendre. Force tranquille, le monstre sacré préserve son charisme et fascine derrière ses masques la caméra de Patrice Leconte. Et quand feu André Wilms lui assène que perdre un enfant, c’est entrer dans la nuit, ce n’est pas Jules qui vacille, mais Gérard qui émeut.

(6.5/10)Voir plus

Dernière modification il y a 2 ans


Eric2017

il y a 2 ans

Vu en avant-première, ce film est excellent. Depardieu endosse le costume du commissaire de la plus belle des manières. Justesse, calme, un brin paternaliste il est MAIGRET. Reconstitution des années 50 excellente, j'ai eu un énorme plaisir à voir cette adaptation de Maigret et la jeune morte. Patrice Leconte avait déjà adapter un Simenon, Monsieur Hire avec Michel Blanc. Il a récidivé de la plus belle des manières à nous faire "oublier" Jean Gabin et Bruno Crémer. Et puis on revoit André Wilms quelques minutes, qui est récemment disparu. Les fans de Simenon seront enchantés et pour ceux qui ne connaissent pas, allez voir ce film et peut-être que ça vous donnera l'envie de lire cet écrivain. (G-14.02.22)Voir plus

Dernière modification il y a 2 ans


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