Mascarade France 2021 – 142min.

Critique du film

Arnaques sans scrupules sur la Côte d'Azur

Critique du film: Marine Guillain

Film de clôture du dernier Festival de Cannes, le nouveau film de Nicolas Bedos débarque sur nos écrans, raccourci de huit minutes.

À Nice, Adrien (Pierre Niney) se fait entretenir par Martha, une actrice égocentrique richissime sur le déclin (Isabelle Adjani). Le gigolo tombe alors sous le charme de Margot (Marine Vacth), une arnaqueuse séduisante qui manipule les hommes riches. Ensemble, ils vont pousser l'arnaque et la manipulation à leur paroxysme. Alors qu'Adrien tente de convaincre Martha de la véracité de ses sentiments en allant toucher ses failles, Margot jette son dévolu sur un agent immobilier (François Cluzet), qui bien que marié (sa femme est incarnée par Emmanuelle Devos) et père de famille, aura du mal à ne pas craquer pour la jeune femme aux yeux perçants, au sourire ravageur et au faux accent british.

Casting 5 étoiles donc, pour ce nouveau film de Nicolas Bedos, après le génial Monsieur et Madame Adelmann, le sublime La belle époque et le dispensable OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire. Le cinéaste ne le cache pas: son scénario est inspiré de sa propre vie, à une période où il «se noyait dans l’oisiveté et l'argent des autres». Même si le long métrage a été bien reçu à Cannes (avec une standing ovation de 13 minutes), le réalisateur admet ne pas en garder un bon souvenir: «C’est la première fois que je le voyais depuis le montage et il m’a paru évident que le film nécessitait des coupes et des améliorations notables», a-t-il confié. Résultat: Huit minutes ont disparu (le film dure désormais 2h14) entre la version festival et la version salles.

Cocktail satirique et thriller sentimental entre passion, trahison, désir, névroses et cupidité, Mascarade se révèle fort racoleur, «trop facile» même, ainsi que légèrement grossier et prétentieux. Adjani fait du Adjani, Cluzet fait du Cluzet, le décor et l'atmosphère faussement glamours de la vie des super riches sur la Côte d'Azur prend des airs de déjà-vu, et le regard féministe semble surfait. Quant à la méthode de drague de Marine Vacth envers Pierre Niney («Now I'm going to kiss you» trente secondes après leur rencontre), aux scènes de sexe à peu près partout où ils peuvent, en passant par une masturbation surréaliste dans une voiture volée, difficile d'y croire. Il n'empêche, même si l'on a légèrement honte de l'avouer; on se laisse prendre par les péripéties de ces deux antihéros, aussi insupportables que captivants.

31.10.2022

2.5

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Commentaires

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CineFiliK

il y a 1 an

“La villa des cœurs brisés”

Adrien, gode entre les mains de Martha Duval, diva à l’aura défraîchie, dore sous le ciel de Nice. Lors d’une soirée, il tombe sous le charme de Margot, belle qui se love tant bien que mal dans les bras d’hommes plus âgés.

« La Côte d'Azur est un endroit ensoleillé pour des gens sombres ». Cette citation de Somerset Maugham, placée en exergue dès l’ouverture du film, ne ment guère. Plus le luxe s’étale, plus les esprits s’échauffent et brûlent sur un bûcher des vanités. Les riches s’ennuient et s’amusent des pauvres qui en crèvent de jalousie. Coup de feu, procès et trahisons, le jeu de dupes peut commencer.

Entre fascination pour ce monde des apparences et ironie mordante, le cœur si angoissé de Nicolas Bedos balance et s’emballe. Aucun de ses plans ne dure plus de 5 secondes, accélérés par l’abus du montage alterné. Son récit s’étire inutilement. Ainsi, ses bons mots piquants se noient sous une avalanche de scènes qui se répètent et finissent par radoter. Dans ce bal masqué, le casting brille, mais la sympathie qu’il suscite se fracasse sur l’inamabilité de cette jet-set pourrie gâtée. Les femmes en viennent à camper de grandes manipulatrices revanchardes, alors que les hommes passent pour des pigeons. Le regard cruel porté par l’auteur sur la vieillesse accroche davantage. Le temps qui passe est assassin. Isabelle Adjani avance sur un boulevard du crépuscule lorsque de l’autre côté du miroir rayonne la jeune et jolie Marine Vacth. Face à Margot, la reine touche le fond de la piscine quand elle minaude et s’exhibe en chantonnant devant ses invités. Mais ses yeux humides émeuvent aussi le cœur, lorsqu’elle étouffe ce cri : « Ne me laissez pas ! ».

(5.5/10)Voir plus

Dernière modification il y a 1 an


vincenzobino

il y a 1 an

4.25: Le pigeonnier
Qu’est-ce qui a pu pousser Simon, agent immobilier sur la Riviera, à tirer sur Margot sous les yeux de son compagnon Adrien? Le couple spécialiste de l’arnaque aurait-il pris trop de risques en s’attaquant également à Martha, une actrice théâtrale sur le déclin et dont le retour sur scène représente l’ultime chance?
Le voici ce retour de Nicolas Bedos qui poursuit sa satire sur les extravagances en s’attaquant à la richesse snob. Avec réussite.
La première séquence plonge très vite dans le bain et nous soumet au désespoir pouvant faire commettre l’irréparable. Puis, nous découvrons les raisons de cette double descente aux enfers en confrontant deux axes: la richesse et le rêve de fortune dilapidée, souhait inaccessible normalement.
Si le style artistique de Bedos était irréprochable, ses finitions pêchaient habituellement. Or le miracle ici se produit! Le procès fil rouge qui défile sous nos yeux n’est pas celui de Simon, mais bien celui de la notion d’arnaque à plusieurs points de vues.
Brillamment interprété et rythmé, avec palme personnelle à Isabelle Adjani et surtout Niney, cette féroce satire parvient sur son dénouement jouissif à ce qui pour moi constitue une première chez Bedos : éprouver de l’empathie pour un personnage naïf qui se fait véritablement pigeonner. Et Marina Vacth impressionne dans sa composition satirique de bout en bout,
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Eric2017

il y a 1 an

J'y suis retourné! Vraiment jubilatoire. Le film dans son ensemble est absolument génial. (F-16.11.22)


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