Nope Etats-Unis 2022 – 131min.
Critique du film
La reconquête de l’Ouest
Pour son grand retour, le nouveau maître de l’épouvante Jordan Peele nous emporte sur la côte Ouest des États-Unis. Le très blanchisé Far-West se fait noir et le surnaturel s’immisce dans les plaines. Un brassage des genres bien huilé et en miroir, notre besoin atavique de spectacle.
En Californie, la famille Haywood est propriétaire d’un gigantesque ranch. Dans les plaines désertes, ils élèvent des chevaux, principalement utilisés dans les productions cinématographiques hollywoodiennes. Dans des circonstances étranges, OJ (Daniel Kaluuya) assiste, médusé, à la mort subite de son père Ottis (Keith David). 6 mois plus tard, des bêtes ont un comportement étrange et disparaissent. Et si ces incidents étaient liés ?
«Je jetterai sur toi des impuretés, je t’avilirai, Et je te donnerai en spectacle.» C’est avec ce verset aux consonances moralisatrices que s’ouvre Nope. À sa suite, la caméra se retrouve dans le théâtre d’un véritable massacre. Sur un plateau de tournage abandonné à la hâte, le corps inerte d’une femme gît. Un singe avec un chapeau d’anniversaire fait irruption, sa gueule et son pull sont tachés de sang. En cinq minutes, Jordan Peele est parvenu à planter le décor. Il faut dire que depuis la sortie de Get Out, Oscar du meilleur scénario en 2018, le réalisateur est considéré par la critique comme la nouvelle proue du film d’horreur contemporain.
La raison du succès ? Un traitement transversal de la problématique raciale, alors que les Américains ne cessent de se déchirer. Avec Get Out l’épouvante était amenée par l’expérience cauchemardesque d’un Afro-Américain en immersion dans sa belle-famille blanche. Dans Nope, le propos se veut plus métaphorique : le film évoque notre rapport individuel à l’industrie du spectacle et aux technologies.
La menace qui pèse sur les terres de OJ et de son excentrique de sœur Emerald (Keke Palmer) n’est pas humaine. Elle prend son origine là-haut, à travers les nuages et le bleu du ciel. Insaisissable à l’œil nu, les caméras de surveillance qui seront installées afin d’en capturer la trace, preuve d’une présence extrahumaine, se solderont par des échecs. Motif omniprésent, le cadre — qu’il s’agisse de l’appareil numérique ou mécanique — ne cesse de rappeler l’enfermement. Toujours ce besoin d’extraordinaire, toujours l’image pour s’enrichir. Tabloïd ou cinéaste aguerri : un déclencheur et clic, clac, c'est dans la boîte. Mais dans quel but, si ce n’est celui de l’engraissement personnel ?
Jordan Peele exhume le passé pour en montrer la résonance dans le présent. Lors d’un tournage, la sœur d’OJ évoque une archive filmique bien réelle. En 1872, Eadward Muybridge superpose deux photographies. On y voit un jokey noir sur un cheval devenant pour la fiction un ancêtre des Haywood. Entre l’homme derrière l’objectif et celui marqué à l’encre, l’Histoire n’aura retenu qu’un nom.
Le visionnage de Nope réclame tout de même un temps de digestion. Jordan Peele est inventif. Il détourne si habilement les codes de l’épouvante (la menace est verticale) du western (les cowboys sont noirs et asiatiques) et de la science-fiction (l’ovni et son horizon d’attente) que l’on en ressort quelque peu abasourdi. D’une grande finesse sur ces sujets de prédilections — notamment sur le fait d’être noir aux États-Unis — le réalisateur est parvenu à élargir ses obsessions tout en évitant la redondance. Jordan Peele est définitivement plus visionnaire que moralisateur.
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Commentaires
« Rencontre du troisième type »
Dresseur de chevaux dans le désert californien, OJ Haywood assiste impuissant au décès brutal de son père, mort après une panne générale inexpliquée. Un phénomène étrange rôde et va continuer à tuer.
En dépit d’une fin décevante, Get out avait su secouer l’Amérique bien-pensante et dénoncer clairement le racisme endémique. Quelques années plus tard, Jordan Peele égarait son spectateur dans un monde parallèle prêt pour le grand remplacement. Plus réussi que US, ce troisième opus retombe néanmoins dans les mêmes travers alambiqués du précédent.
Comme toujours, le début allusif intrigue entre une citation biblique obscure, un chimpanzé ensanglanté, un ranch à l’agonie et un plateau de cinéma baigné d’arrogance. Où suis-je, qui suis-je, dans quel état j’erre ? Indice, la famille Haywood déclare fièrement descendre du premier homme immortalisé à l’écran par Eadweard Muybridge, pionnier de l’animation filmée. Un cavalier noir de peau dont le nom n’a jamais été honoré. Dans ses habits de western, ce nouvel opus va-t-il tourner au discours politique revendicateur ? Il y a également cet enfant star traumatisé devenu aujourd’hui gérant d’un parc d’attractions pathétique. Ces animaux qui donnent leur nom aux différents chapitres. Une menace extraterrestre enfin qui imprègne l’ensemble d’horreur et de science-fiction. Tout cela emmené par un OJ neurasthénique, la tête dans les nuages. Heureusement que la verve de sa sœur Emerald vient dynamiter la nonchalance de ce cowboy solitaire qui ne sait dire que « nope » face au danger.
La mise en scène est maîtrisée et l’image le plus souvent grandiose. Mais dans ce chaos où l’on achève bien les chevaux, il n’est pas aisé de trouver le fil conducteur. Non-reconnaissance des Afro-américains dans l’histoire étasunienne, voire des minorités en général, bûcher hollywoodien qui avale et brûle les vanités sous le regard avide des spectateurs, démagogie dominatrice de l’homme face à la nature ou approche antispéciste de l’exploitation animale ? A force de multiplier ses pièces ou de les dissimuler, le puzzle de Peele étiole son potentiel puissant.
(6/10)… Voir plus
Dernière modification il y a 2 ans
Le mystère de l’Ouest
De nos jours dans le désert californien, OJ un dresseur équestre pour le cinéma et sa sœur Em voient leur père mourir sous les yeux après avoir été heurté à la tête par un objet. Après utilisation vidéo il s’avère qu’une soucoupe volante serait la cause de ce rejet. Voisins d’un parc d’attractions reconstituant le Far-West dont le propriétaire fut lui-même témoin d’un événement similaire dans sa jeunesse 35 ans plus tôt, la fratrie souhaite rendre public ce phénomène.
Le voici le retour de Jordan Peele, nouveau maître apparent du comportement humain face au paranormal. Ce troisième opus s’avère déroutant.
La première séquence soulève par la suite une interrogation forcée, marque de fabrique du réalisateur. Or, contrairement aux deux premiers films, l’explication est donnée beaucoup plus rapidement et l’impression de paranormal est ici éclipsée par un comportement animalier rappelant une célèbre saga simiesque. On pense assister à une réécriture animalière. Las.
Car en faisant le choix pas tout de suite compréhensible de rendre hommage à l’univers hollywoodien des années 1950 à nos jours, Peele prend le risque de nous perdre. Et si comme moi, vous vous attendiez à une chute forte, vous serez sur un plan objectif forcément déçus. Si par contre vous vous y rendez avec une âme cinéphile, les références multiples vous enchanteront particulièrement si fans de cartoons Pixariens ou d’atmosphères Shyamalaniennes de par le rythme plutôt lent avec néanmoins un final symbolique sur la notion d’envahisseur.
Se laisse donc voir...… Voir plus
Ce film a eu des critiques fabuleuses et en sortant je me suis demandé pourquoi. C'est lent trop lent.... avec un scénario léger qui frise le n'importe quoi. Bref je me suis ennuyé. (F-14.08.22)
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