TÁR Etats-Unis 2022 – 158min.

Critique du film

Une grande symphonie en demi-teinte

Critique du film: Damien Brodard

Une évocation de la vie fictive de Lydia Tár (Cate Blanchett), première femme à la tête d’un grand orchestre d’Allemagne.

Selon les dires du réalisateur Todd Field, le rôle de Lydia Tár ne fut écrit que pour une seule artiste, Cate Blanchett. En cas de refus, le film n’aurait probablement jamais vu le jour. S’il est en effet une chose que l’on ne peut enlever au long-métrage, c’est sa dévotion totale à la figure de la cheffe d’orchestre et à son interprète. Cate Blanchett est de tous les plans, porte de manière impériale le film sur ses épaules et livre une performance des plus impressionnantes. Puissance, charisme, mais également angoisses et obsessions, l’actrice australienne s’investit pleinement afin d’appliquer le plus de nuances possibles à son personnage. Face à cette descente aux enfers magistrale, quelques rôles secondaires parviennent à se faire une place, dont la Française Noémie Merlant qui gravit petit à petit les échelons du cinéma international.

La réalisation permet de soutenir une telle performance à coup de très longs plans laissant la part belle au jeu de la comédienne. Toute cette attention engendre toutefois un rythme très lent et une froideur qui pourrait bien laisser sur le carreau. Car si la mise en scène et la photographie se mettent au diapason de la protagoniste, froide et autoritaire, le film n’en devient que plus austère. Même les quelques séquences de direction de l’orchestre semblent bien ternes malgré l’époustouflante dépense d’énergie de Blanchett. Todd Field semble s’être aventuré dans une œuvre engourdie et tirant quelque peu sur la longueur, mais réussit justement par ce biais la mise en valeur d’une actrice en état de grâce.

(79e Mostra de Venise)

22.11.2022

3

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Commentaires

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TOSCANE

il y a 1 an

Un film sombre, complexe, mais grandiose, où irradie Cate Blanchett sublime névrosée, qui nous entraîne dans un engrenage de jeux de pouvoirs, de harcèlements, et de raison perdue. Film mystérieux qui commence par une musique indéchiffrable, jamais entendue. La mise en scène est brillante. Je ne m’attendais pas à retrouver Noémie Merlant dans le rôle de Francesca, magnifique actrice dans « Portrait de la Jeune fille en feu », et Nina Hoss, « Barbara » toujours émouvante dans un jeu de tendre humanité. On apprend que Lydia Tär est née dans un milieu plus que modeste. La caméra s’attarde un court moment sur un membre de sa famille qui commente trivialement sa visite. On peut mieux comprendre son goût pour le luxe discret des habits bien coupés, des étoffes soyeuses et des appartements chics. Jusqu’aux dernières images, inattendues, où l’on retrouve Lydia ailleurs, dans un autre Monde.Voir plus


vincenzobino

il y a 1 an

4.25: La folle histoire de la baguette
Lydia Tar est l’un des plus prestigieux chefs d’orchestre du XXIEME siècle. Établie à Berlin, elle prépare une représentation de la cinquième symphonie de Mahler mais de vieux démons et un style de vie particulier pourraient compromettre cette représentation.
La voici cette annoncée expérience forte sur l’art de diriger les autres et se négliger. Une déroutante expérience.
Être Maestro implique de savoir diriger sa vie : d’une part sur un plan professionnel mais également privé. Et l’illustration de l’orientation sexuelle de Lydia ainsi que des comportements étranges ne faisant pas bon ménage va envenimer sa vie.
Celle du spectateur durant cette séance va tout d’abord être interrogative par la forme du générique inaugural laissant supposer un commencement par la fin, suivi d’une première courte hallucination. Au fil du film, la séance psychologique va monter crescendo de manière brillante sur ses trois premiers quarts de film où la face cachée de Lydia va vous rappeler une danseuse étoile se transformant en cygne et nous offrir une nouvelle brillante étude comportementale avec des personnages réels ou imaginaires brillamment écrits.
Mais est-ce du à une envie de trop bien faire, le dénouement, remarquable et implacable sur un plan éthique est trop vite évoqué ce qui est un petit comble en pensant au rythme digne de l’œuvre de Mahler et perso, cinq minutes de plus sur ce dénouement ne m’aurait pas gêné.
Si Lydia perd petit à petit le contrôle de sa vie, Cate Blanchett ne perd jamais son jeu: nouvelle performance hallucinante et j’aimerais bien être une petite souris pour l’observer à sa première vision du rôle où elle excelle à nouveau avec des expressions de visage incroyables.
Le film s’adresse essentiellement aux amateurs de séance psychologique mais ici également aux connaisseur/se-s du monde orchestral ayant de l’oreille pour notamment apprécier certaines prestations parfaitement en accord avec la thématique, notamment la force de Mahler et ce respect de rythme incroyable.
A recommander
PS: mon titre fait référence à l’une des idoles de Lydia dont elle s’inspire malgré elle.Voir plus


Eric2017

il y a 1 an

Cette descente aux enfers est beaucoup trop longue en ce qui me concerne. Tout y est feutré et le son est presque en permanence étouffé. Un son très faible presque "silencieux". Des scènes brèves qui m'ont gênés car au final elles me sont restées incompréhensibles. La performance de Cate Blanchett ne m'a pas suffit pour apprécier ce film. (G-01.02.23)Voir plus


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