The Black Phone Etats-Unis 2021 – 102min.
Critique du film
Un appel de l'au-delà
Inspiré de la nouvelle éponyme de l’écrivain américain Joe Hill, fils du célèbre Stephen King, The Black Phone est le nouveau long-métrage horrifique du réalisateur Scott Derrickson (Délivre-nous du mal, 2014 ; Doctor Strange, 2016). Un thriller aux effluves divertissants de paranormal, mais encore bien loin de pouvoir prétendre au chef-d'œuvre.
En 1978, la peur règne dans le nord de Denver. La raison de ce climat de panique : la disparition de plusieurs adolescents. Sur le chemin de sa maison, Finney (Mason Thames), 13 ans, se fait à son tour enlever par un bien étrange magicien (Ethan Hawke) et se retrouve enfermé dans une cave insonorisée, un téléphone noir au mur. Si celui-ci est cassé, c’est pourtant à travers lui que les fantômes des précédents garçons disparus commencent à se manifester pour l’aider à s’échapper.
Avec une soigneuse reconstitution des années 70, le long-métrage horrifique crée, dès la première minute, une oppressante et étouffante atmosphère. Scott Derrickson limite l’utilisation de «jump scares» agressifs, chers à de nombreux réalisateurs. Spécialiste de l’épouvante, il fait confiance à sa distribution et à l’ambiance angoissante qui hante le film. Excellent dans son rôle de maniaque sanguinaire, Ethan Hawke nous glace le cœur à chacune de ses apparitions.
L’inquiétude qui nous gagne pour Finney pèse à chaque seconde. Nous ne pouvons que l’observer, le souffle court, tenter de s’évader de cet enfer, aidé par les esprits des adolescents tués. Si cette focalisation pubertaire prend toute son importance, elle pourra rappeler le combat mené par les jeunes héros des adaptations de Ça (1990, 2017), inspirées du roman de Stephen King. Tel père, tel fils.
Malheureusement, The Black Phone n’atteint jamais vraiment les sommets de l’horreur. Ainsi, les intrigues secondaires autour de Gwen (Madeleine McGraw), petite sœur medium de Finney, et de Max (James Ransone), frère du criminel, ne s'emboîtent jamais correctement dans la globalité du récit. Absentes du support original, créées spécialement pour le long-métrage, elles ne servent, finalement, aucunement à l'avancement des péripéties.
Le jeune Finney, violemment harcelé par ses pairs au début de l'histoire, se découvre force et indépendance face à l’atrocité de sa captivité. Récit d'apprentissage en manque de subtilité, perdu au fin fond de l'horreur, The Black Phone n’en reste pas moins une œuvre visuellement stimulante à l’ambiance glaçante qui fera frissonner dans les salles sombres.
(Critique librement adaptée de l'allemand par Maxime Maynard)
Vous devez vous identifier pour déposer vos commentaires.
Login & Enregistrement