The Northman Islande, Irlande, Royaume-Uni, Etats-Unis 2022 – 137min.
Critique du film
Hamlet chez les Vikings
La légende viking de Robert Eggers raconte une vengeance ancestrale, visuellement époustouflante, qui submerge le public d’action sanglante, mais à laquelle il manquera cruellement de cœur.
Amleth (Oscar Novak et Alexander Skarsgård), fils du roi viking Aurvandil (Ethan Hawk), grandit dans la contrée nordique fictive de Hrafnsey. Lorsque son oncle Fjölnir (Claes Bang) assassine son père et enlève sa mère, la reine Gudrún (Nicole Kidman), le garçon s’échappe et jure de se venger. Recueilli par un peuple de nomades, il y grandit en tant que berserker, un guerrier fauve. Ce n’est qu’une fois devenu cet homme musclé, furieux et pillard qu’une voyante (Björk) lui rappelle sa promesse. Maintenant suffisamment âgé et fort pour honorer son serment, le Viking part accomplir son destin sanglant.
Le réalisateur et scénariste Robert Eggers est rapidement devenu très apprécié des critiques grâce à ses précédents longs-métrages The Witch (2016) et The Lighthouse (2019). Avec The Northman, il livre aujourd’hui son premier film d’action estival grand public, ce qui implique de nombreuses interventions et contraintes des studios. Alors que les deux premiers films d’Eggers étaient déroutants et imprévisibles, The Northman peine à créer la surprise.
The Northman adapte la légende qui aurait inspiré Shakespeare pour son Hamlet. Grâce à l’aide d’experts de l’université suédoise d’Uppsala, Eggers livre un film soigneusement documenté et historiquement fidèle sur les Vikings du IXe siècle. Mais comme pour ses œuvres précédents, les frontières entre réalité et surnaturel restent floues, pour décrire un peuple de guerriers, à une époque où chamans et voyants définissaient le monde, avant l’apparition des lois de la science.
Le scénario, écrit par Eggers et le poète et écrivain islandais Sjón, comporte quelques beaux moments, qui, malheureusement, laissent la part belle à beaucoup d’action et de clichés, typiques des productions hollywoodiennes. Hormis une scène d’intimité silencieuse entre la sorcière Olga (Anja Taylor-Joy) et Amleth, le film reste submergé de violence et d’hémoglobine en se concentrant sur la colère primitive du protagoniste, transformée en désir de vengeance, son unique source de motivation. Dans un moment de faiblesse, le Viking qualifie sa vie de cauchemar. Olga lui rétorque alors de se réveiller, mais Amleth ne change pas d’avis, ni le film de direction. La peur de l’abandon ou les relations : les sentiments du personnage et les thématiques plus profondes sont victimes d’une précision historique poussée et de scènes de bataille à grande échelle. Et si le final est à couper le souffle, il pourra ne pas totalement satisfaire un public étourdi par tant de testostérone.
(Un texte initialement publié en allemand et librement adapté par Damien Brodard.)
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Commentaires
“GladiaThor”
Sous les yeux effarés de son fils Amleth, le roi scandinave est assassiné par son propre frère. Seule la soif de vengeance élèvera le jeune fugitif.
Il ne fait pas bon vivre parmi les Vikings. Conquêtes inextinguibles, esclavagisme, sacrifices humains. Dans ce monde de brutes qui pue la boue, le fiel et la sueur, on brûle les enfants et achève bien les chevaux. Les seules larmes qui coulent sont des larmes de sang. Et lorsque l’on joue au baseball, c’est la tête de l’adversaire qui est visée, sans risque d’être sifflé.
Dans cet univers bestial, où l’homme est un loup pour l’homme, Robert Eggers retrouve son goût prononcé pour la noirceur et le fantastique. Un cinéma qui rappelle l’ultraviolence de Mel Gibson et l’horrifique païen d’Ari Aster. Se devine aussi l’envie d’atteindre l’épique du gladiateur de maître Scott, mais sans jamais y parvenir. Au mieux, le film frôle l’imagerie volcanique du Seigneur des anneaux, quand au pire il sombre dans le kitsch bodybuildé des 300 péchés de Zack Snyder.
La volonté affichée d’une reconstitution réaliste dans un clair-obscur séduisant demeure louable, mais les nombreux augures hallucinés décrédibilisent l’ensemble. Les plans-séquences impressionnent tout en ralentissant l’action. Quant à la poésie de Shakespeare qui s’inspirera aussi de cette mythologie nordique, elle laisse place à une platitude dialoguée dans un magma de borborygmes. Manquant de chair, les personnages archétypiques retournent à l’instinct primaire. Dans ces ténèbres où danse encore Björk, muse et sorcière, il manque comme un phare capable de briller et de susciter une émotion sincère.
(5/10)… Voir plus
Dernière modification il y a 2 ans
La métamorphose pour rien
Enfant, Ahmlet est témoin de la mort de son père Horwendil, le roi, par son oncle Heimir qui s’octroie le trône et donne l’ordre de le tuer. Méfait croyant résolu, il l’oublie mais pas Ahmlet qui trouve motif à vengeance et espère également sauver sa mère Gudrun. L’aide de la futée Olga ne saurait être de refus.
Le voici ce retour de Eggers avec cette apparente réécriture Shakespearienne. Après 5 semaines d’absence cinéma, les retrouvailles semblaient toutes indiquées. Elles s’avèrent fructueuses.
Le style Eggers sauvage et beau à la fois semblait tout indiqué pour ce projet fou: mêler ce classique et le confronter à une récente série avec dragons. Ici pas d’animaux fantastiques mais des vols spectaculaires d’oiseaux et une ruse de renard qui mélangés, nous offrent un cocktail pourtant pas tout clair quand on observe l’enfant d’un œil protecteur et moqueur à la fois.
Mais l’adulte force le respect et ce, quand la famille s’avère être trouble-fête.
Remarquablement filmé et orchestré, avec un casting incroyable dont Defoe méconnaissable et Anna Taylor-Joy à nouveau grandiose, cette expérience destinée aux fans de l’heroic fantasy et Game of Thrones à la fois vous ravira, avec notamment une issue logique... mais néanmoins bien orchestrée.
A recommander… Voir plus
Dernière modification il y a 2 ans
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