Trois fois rien Canada, France 2022 – 100min.
Critique du film
Trois sans-abris gagnent au Loto et c’est le début de la galère
En 2016, elle avait déjà fait appel à Philippe Rebbot, Antoine Bertrand, et Côme Levin pour les besoins de son film Le petit locataire. Cette année, la réalisatrice française Nadège Loiseau réunit à nouveau les trois acteurs dans une histoire de rue et de misère, d’amitié et d’espoir.
Copains de galère et colocataires dans une cabane de fortune du bois de Vincennes, Casquette (Philippe Rebbot) et Brindille (Antoine Bertrand) ont leurs petites habitudes et un quotidien bien organisé. Rencontré devant la douche publique le matin même, la Flèche, lui aussi SDF ayant pour fidèle compagnon son chien Connard, s’incruste à leur soirée Loto. Moment de détente hebdomadaire pour Casquette et Brindille consistant à acheter un billet de loto et toujours cocher les mêmes numéros, la soirée va prendre une tournure inattendue lorsque les trois compères apprennent qu’ils détiennent un ticket gagnant.
Mais voilà, ce qu’ils pensaient être le début d’un conte de fée va se transformer en parcours du combattant. Gagner plus de 220’000 euros c’est bien, pouvoir les encaisser c’est mieux ! Car pour toucher l’argent, Casquette, Brindille et la Flèche doivent avoir un compte en banque. Mais pour ouvrir compte en banque, il faut posséder une carte d’identité et une adresse. Pas simple quand on est SDF…
Après avoir raconté le parcours d’une femme se découvrant enceinte à 50 ans dans Le petit locataire, Nadège Loiseau, à l’écriture et à la réalisation, revient avec Trois fois rien, comédie sociale qui suit un trio de sans-abri en passe de revenir à un semblant de normalité. Des nuits froides et humides du bois de Vincennes, aux soirées entre amis dans la chaleur d’un appartement parisien, Brindille, Casquette et la Flèche s’acclimatent chacun à leur façon à cette nouvelle vie, une seconde chance. Alors que l’un garde les pieds sur terre, un autre dépense sans compter. Le troisième, lui, peine à trouver ses marques hors de la rue.
Traiter de la misère à des fins humoristiques sans tomber dans la caricature ni le grotesque est un jeu d’équilibriste délicat, et l’écriture de Nadège Loiseau et Niels Rahou parvient à surmonter cette difficulté. Ces derniers brossent un portrait réaliste de ces 3 parcours, offrant des petites anecdotes sur leur quotidien dans la rue. Au fil du métrage, la réalisatrice porte un regard bienveillant sur ses personnages, les faisant naviguer entre humour et émotion, à l’image de la scène où, à table, Brindille et la Flèche racontent comment ils en sont arrivés là. Et oui, se retrouver sans domicile, ça n’arrive pas qu’aux autres ! Des mauvais choix, des coups durs, une rupture ou une dépression, et la rue ouvre grand ses bras. Personne n’est à l’abri. Sans réinventer le genre, mais fort heureusement sans assommer avec une morale de comptoir, Trois fois rien est une comédie sociale mignonne, drôle par moments, qui met en lumière celles et ceux dont on parle peu.
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