Terrain traditionnellement masculin, la viticulture est ici mise en lumière sous un regard bien particulier : celui de femmes vigneronnes qui pratiquent la biodynamie.

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Installé à Chamoson, en Valais, le Français Guillaume Bodin a plus d’une corde à son arc : réalisateur, vigneron, il est également consultant en agriculture biologique et biodynamique. «Vigneronnes», son 4e documentaire, rend hommage à des femmes pionnières de la viticulture biodynamique en Suisse, en France et en Italie. Au travers de leur philosophie, de leurs valeurs et convictions, ces femmes partagent la vision d’un travail en harmonie avec l’environnement, dans le respect des richesses que leur apporte la terre.

En Suisse, la viticulture a beau remonter à l’époque romaine – en témoignent les vignobles en terrasses de Lavaux, le long des côtes helvétiques du lac Léman, classés au patrimoine mondial de l'UNESCO, ce n’est que relativement récemment que le vin indigène, longtemps considéré comme piquette de seconde catégorie, a commencé à se faire un nom. Marie-Thérèse Chappaz, vigneronne pionnière de la biodynamie bien connue des Romands, est la première à ouvrir les portes du chai. Sage-femme de formation, elle ne se destinait pas du tout à la vigne. Au détour d’un héritage paternel, elle va cependant se prendre de passion pour ce qui était, à l’époque, une façon novatrice d’aborder la culture viticole.

La terre nourricière, le respect du vivant, l’importance de la transmission aux générations futures : souvent vus comme féminins, ces aspects comptent particulièrement pour nos vigneronnes. L’agriculture biodynamique est considérée comme une forme d’agriculture biologique alternative. Père de la biodynamie, le philosophe autrichien Rudolf Steiner prônait de considérer la terre comme un tout, un être vivant qui suit sa propre évolution. Virginie Saverys, à la tête de l’un des plus grands domaines biodynamiques en Toscane, raconte comment elle avait pensé à scolariser ses enfants dans une école Steiner, dont la pédagogie, basée sur l’anthroposophie, respecte la personnalité et le rythme naturel de chaque enfant.

Si le concept d’une culture pratiquée en harmonie avec la nature et le vivant a de quoi séduire, aucune étude scientifique n’a néanmoins jamais prouvé l’efficacité supérieure de la culture biodynamique sur la culture biologique. Ayant travaillé avec Marie-Thérèse Chappaz, lui-même vigneron expert en biodynamie, le réalisateur sait incontestablement de quoi il parle. Sans voix dissonante qui ne vient apporter d’autre perspective, se pose la question du parti pris : un contexte moins univoque n’aurait-il pas permis d’apporter un regard plus large sur le sujet ?