Bonnard, Pierre et Marthe Belgique, France 2023 – 122min.

Critique du film

L’amour et la peinture

Critique du film: Marine Guillain

Avec «Bonnard, Pierre et Marthe», le féministe Martin Provost plonge au cœur de l’histoire d’amour entre le peintre français et Marthe, sa compagne et sa muse.

Moins connu que d’autres artistes de son époque, Pierre Bonnard (1867-1947) est pourtant considéré aujourd’hui comme l’un des plus grands peintres du début du 20e siècle. Surnommé «le peintre du bonheur», il inscrit sur ses toiles colorées des lieux de campagne, de ville, des corps, des visages. Celui de Marthe surtout, aristocrate autoproclamée qui deviendra peintre elle aussi. Sa principale source d’inspiration, qui occupe plus d’un tiers de son œuvre. Le jour où ils se rencontrent, Maria Boursin, alias Marthe de Méligny, se fait passer pour une aristocrate italienne ruinée. Ils tombent fous amoureux. Tel un double biopic, le film de Martin Provost retrace ainsi leur vie sur cinq décennies, de leur rencontre à la mort de Marthe, en 1942.

Grand amateur de peinture, le réalisateur a déjà abordé le sujet femme de l’ombre avec «Séraphine», en 2008, où la femme de ménage visionnaire interprétée par Yolande Moreau, Séraphine de Senlis, laissait exprimer son art. Il a aussi mis en scène la quête de liberté des femmes avec «Violette» en 2013 (biopic centré sur la relation entre Violette Leduc et Simone de Beauvoir) et «La bonne épouse» en 2020, joyeuse comédie qui se déroulait dans une école de ménagères.

«Bonnard, Pierre et Marthe» jouit d’un casting fort plaisant avec Cécile de France et Vincent Macaigne, Stacy Martin ou encore Anouk Grinberg. Alors que les personnages évoluent en pleine campagne, dans une maison au bord de la Seine qui semble coupée de tout, un air de poésie et de liberté s’empare du long métrage qui semble pensé comme une peinture.

Le problème avec le film de Martin Provost, c’est que l’on s’ennuie franchement. Bien qu’il ne soit jamais désagréable de voir Cécile de France et Vincent Macaigne et que tous deux semblent imprégnés par leur rôle, on regarde leurs personnages évoluer sans parvenir à s’y intéresser. Les thèmes autour de la place de la femme, de la différence, de l’acceptation ou du rejet dans la société ont beau être soulignés avec justesse, le drame s’invite et prend trop de place avec la relation triangulaire, et sans orignialité, entre le couple et Renée (Stacy Martin), la maîtresse de Pierre. En découle un petit film charmant, mais dispensable.

(Cannes 2023)

27.11.2023

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Commentaires

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CineFiliK

il y a 9 mois

“Peindre et faire l’amour”

Étourdi par son corps, Pierre prend pour modèle une inconnue, petite main d’un magasin de fleurs factices, qu’il croque avidement dans son attique parisien. Celle qui se nomme Marthe sera bien plus qu’une muse.

Dans Bonnard, il y a « bonheur ». Et, pour ce couple, le bonheur est dans le pré, au bord de l’eau, loin de la capitale et de ses dévorantes mondanités. Pierre et Marthe passent leur vie en cette nature généreuse et sous un ciel lumineux marqué par l’amour et la jalousie : « Pourquoi ce ne sont que les femmes qui posent nues et jamais les hommes ? – Parce que ce sont les hommes qui peignent et jamais les femmes. »

Leur passion aurait pu être déchirante à l’écran, mais Martin Provost en fait un long pensum. Scènes de la vie conjugale qui débutent par des espiègleries adolescentes et se poursuivent en « Seine » de ménage. Le crêpage fluvial de chignons entre épouses gouailleuses et malheureuses se noie dans le ridicule. Comme ces paysages montmartrois ou romain qui éblouissent les chambres avec vue de leur artificialité numérique. Les séquences au fusain sont heureusement plus réussies, laissant l’artiste s’exprimer. Il aurait été cependant appréciable d’en savoir davantage sur les talents de pastelliste de Marthe qui semble s’y intéresser subitement, après une énième humiliation. L’approche féministe pressentie passe à côté de son sujet.

(5.5/10)Voir plus

Dernière modification il y a 9 mois


Eric2017

il y a 9 mois

Après SERAFINE en 2008, Provost tourne la vie tumultueuse de Pierre & Marthe Bonard. Peindre et faire l'amour tel était la devise de ce couple. Vivant à la même époque que Monet, Manet, Van Gogh, Gauguin etc... Bonnard a été longtemps dans l'ombre de ces illustres peintres. C'est assez tardivement qu'il a été reconnu par le public. Très bien filmé, les paysages de ce film sont eux-mêmes des toiles. Un grand plaisir de découvrir ce peintre. Macaigne et Cécile de France sont parfaits dans leurs rôles. (05.02.24)Voir plus

Dernière modification il y a 9 mois


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