Challengers Italie, Etats-Unis 2023 – 132min.
Critique du film
C’est l’heure du match!
Avec «Challengers», Luca Guadagnino («Call Me by Your Name») revient sur le grand écran avec drame inhabituel et brûlant entre deux meilleurs amis qui en pincent pour la même femme.
Suite à une grave blessure à la jambe, Tashi (Zendaya) a dû renoncer à sa carrière. Devenue entraîneuse, elle a permis à son époux Art (Mike Faist) de remporter de nombreux trophées. Un jour, afin de le remettre sur pied et de lui redonner un shot de motivation, elle décide de l'inscrire à un tournoi Challenger. Or, les deux époux ignorent une chose: Patrick (Josh O'Connor), l'ancien meilleur ami d'Art et en l'ex-compagnon de Tashi, y participe également.
Tennis oblige, tout commence sur le court alors qu'Art et Patrick se retrouvent face à face. Autrefois amis, les voilà qu’ils croisent le fer pour Tashi, une joueuse de tennis talentueuse et à la beauté éblouissante. Un flashback permet de se replonger 13 ans en arrière alors qu’ils n’étaient encore que deux adolescents qui avait craqué sur la même jeune femme.
Jadis une championne acclamée, promise à une formidable carrière, aujourd’hui Tashi est devenue une femme au caractère bien trempé dont la passion pour le tennis s’est transformée en une dévotion pour la carrière de son conjoint. Après «Suspiria» (2018) et «Bones and all» (2022), Luca Guadagnino, épaulé par le scénario de Justin Kuritzkes, expose une constellation de relations complexes et dysfonctionnelles. Trame de fond pour des personnages aussi intéressants qu’imprévisibles.
Le cinéaste ponctue son long-métrage de nombreux sauts dans le temps. S’ils prêteront parfois à confusion, l’exercice profite néanmoins des excellentes prestations des trois protagonistes. La photographie du film est comme à chaque fois singulière et il semble que Luca Guadagnino, et son directeur de la photographie Sayombhu Mukdeeprom («Call Me by Your Name», «Suspiria»), aient fait preuve d'une grande imagination stylistique pour donner à ces matchs de tennis l’envergure qu’ils méritent au cinéma. Notons, par exemple, l’ingéniosité des angles choisis (on se trouve, par exemple, sous le court de tennis) pour capter l’essence de ces matchs.
Chapeau à Luca Guadagnino qui, une nouvelle fois, signe un film d'amour d’un autre genre. Ici, une relation amicale s'oppose à une relation romantique et déploie une dynamique de pouvoir palpitante, et ce, bien au-delà des court de tennis. Un petit hic tout de même lorsque l’utilisation un peu rébarbative des ralentis (malgré leurs belles orchestrations) étirent ce drame finalement passionnant.
(Adapté de l’allemand)
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Commentaires
“Trouple mixte”
Tennisman multiprimé, Art Donaldson ne sait plus gagner. Son épouse et coach, Tashi le convainc de s’inscrire à un challenger pour retrouver la confiance avant l’US Open. En finale, il affronte Patrick, un ancien partenaire et ami.
Le tennis est une affaire de relation. Sur le court, on se réunit pour s’affronter. Amour, haine, manipulation, et domination. On n’en saura pas beaucoup plus sur ce passionnant sport de combat. Rien pour améliorer ses services ou son smash dans cette réalisation baroque et maniérée, cinéma publicitaire au placement impudique de produit. Le montage préfère écourter les échanges, s’essayant même à une caméra subjective irregardable.
Le goût du revers est ailleurs au sein de ce trouple mixte. Deux garçons, une fille, trois possibilités. Camarades depuis toujours, Art et Patrick tombe sous le charme indiscret de Tashi, meilleur espoir de la WTA. Sortis tout droit d’Amercian Pie, les deux puceaux salivent en symbiose sur la belle au centre qui prend un plaisir malin à jouer les trouble-fêtes : « Je ne suis pas une briseuse de couple », répète-t-elle innocemment. Car l’objet du désir est peut-être ailleurs, de l’autre côté du filet. Il conviendrait de l’appeler par son nom. Tenir le manche, manier les balles, manger une banane… Sur le terrain, dans les vestiaires ou au sauna, les allusions directes ou croisées transpirent.
La partie devient un jeu, sexe et match, entre la classe mannequin de Zendaya, une crevette musclée, et un prince Charles hirsute et sale. Difficile de croire à leur profil de champions ! Leur « Je t’aime, je sais, moi non plus » rebondit de flash-back en flash-back, la tension surlignée par une musique électro. On aurait aimé davantage de sérieux et subtilité dans ce ménage en trois sets pas toujours gagnants.
(5.5/10)… Voir plus
Dernière modification il y a 6 mois
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