Finalmente l'alba 2023
Critique du film
Une nuit interminable à la Cinecittà
Après «Hungry Hearts» (2014) qui avait rapporté deux prix d’interprétation à la Mostra de Venise, le réalisateur italien Saverio Costanzo revient sur le Lido avec une œuvre vagabondant dans les studios de cinéma des années 1950.
Rome durant les années 1950. Mimosa (Rebecca Antonaci) est une jeune femme rêveuse, passionnée de cinéma. Alors qu’elle est promise à un homme qu’elle n’apprécie pas, cette dernière se retrouve propulsée dans le monde du cinéma lors d’une audition à la Cinecittà. Là-bas, Mimosa est remarquée par la star américaine Josephine Esperanto (Lily James), qui l’invite à passer la soirée en sa compagnie.
Saverio Costanzo a-t-il concocté un «Babylon» (2023) italien ? Bien que l’approche du réalisateur puisse faire penser au dernier film du président de la 80e Mostra de Venise Damien Chazelle, le projet fini s’avère différent. L’intrigue s’immisce en effet dans les studios romains de la Cinecittà, ce qui permet d’apprécier au passage une jolie reconstitution d’un tournage, mais le film parle moins de cinéma en soi que de la perte d’innocence d’une actrice néophyte. Candide et inexpérimentée, la jeune Mimosa découvre avec stupéfaction l’envers du décor d’un milieu toxique dissimulé sous les paillettes et le glamour. Pour incarner cette nouvelle venue, Rebecca Antonaci, débutante, elle aussi, livre une solide première prestation face à l’Américaine Lily James, effrayante dans le rôle d’une star jalouse et méprisante.
La mise en parallèle de ces deux figures ainsi que la déconstruction de la machine à rêve qu’est le monde du cinéma constituent les belles idées du scénario de Costanzo. Il faut toutefois se rendre à l’évidence que le long métrage ne raconte rien d’inédit et s’attarde parfois beaucoup trop longuement sur des points d’une évidence manifeste. À force de s’obstiner à vouloir faire des révélations choc avec des éléments convenus, voire clichés, que l’on voit venir bien avant la protagoniste, le film traînasse en ne surprenant que trop rarement. Outre la banalité du propos ainsi que sa naïveté regrettable, quoique raccord avec le point de vue du personnage principal, l’écriture demeure convenable jusqu’à une métaphore finale quelque peu grossière.
Dommage que le résultat final ne soit pas plus engageant. La plongée dans les studios des années 1950 est belle, pourtant les diverses séquences de films dans le film ne se sont là que pour meubler ; la réalisation est soignée, sans jamais vraiment se faire remarquer ; la distribution est talentueuse, tout en servant un scénario qui ne sort pas des sentiers battus. «Finalmente l’Alba» s’avère être une longue errance imparfaite, non sans qualités, mais oubliable sur trop d’aspects.
(Mostra de Venise 2023)
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