Kokomo City Etats-Unis 2023 – 73min.
Critique du film
Vibrant documentaire sur les travailleuses du sexe trans afro-américaines
Après un premier succès au dernier festival du film de Sundance, la réalisatrice et chanteuse trans D. Smith débarque à Berlin dans la sélection Panorama Documentaire, et dresse le vibrant portrait d'une réalité silencieuse.
De part et d’autre des États-Unis, le documentaire nous fait découvrir la vie de travailleuses du sexe trans afro-américaines. Face à la caméra, Daniella Carter, Dominique Silver, Liyah Mitchell ou encore Koko Da Doll parlent avec humour et honnêteté des difficultés de leurs quotidiens.
En quelques années, le sujet de la transidentité s’est imposé dans les médias. Si la sortie du dernier long métrage de Tristan Séguéla, «Un homme heureux», prouve une maladresse toujours présente dans la société quant à son traitement, une réelle évolution se fait doucement sentir. Du film «Tangerine», de Sean Baker, à la série «Pose», crée notamment par Ryan Murphy, plusieurs cinéastes ont tourné leurs caméras vers les travailleuses du sexe trans afro-américaines dans l’espoir de représenter avec respect une communauté dénigrée et brutalisée. D. Smith prend ici les choses en main pour en dépeindre un portrait honnête en choisissant un format au plus près de la réalité : le documentaire.
Loin de n’être que de simples interviews, les interventions se transforment en monologues passionnés et passionnants, plaidoyers, critiques, ou réminiscences, qui ne manquent pas de faire vibrer la totalité du spectre émotionnel. Dans un format noir et blanc esthétique, la caméra suit ses protagonistes, capture des bouts de corps, les écoute, coupe, et illustre les histoires. Une intensité rythmique qui remplit de bout en bout les 70 minutes de l’œuvre accompagnée d’une bande-originale en tout point adéquate. Et sur des mélodies entêtantes, les protagonistes discutent de discrimination, des rôles des genres à l’intérieur de la communauté afro-américaine, de sexualité, d’amour. Une énergie vibrante, toujours planante bien après le générique de fin.
(Berlinale 2023)
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