Le Règne Animal France 2023 – 128min.
Critique du film
L'appel sauvage
Présenté au dernier Festival de Cannes, le cinéaste Thomas Cailley dévoile une œuvre hybride où les humains deviennent des animaux. L’occasion d’une métaphore passionnante sur la liberté, la tolérance et le passage à l'âge adulte.
Une mystérieuse maladie fait muter les êtres en des créatures qui ressemblent à des animaux. François (Romain Duris) et Émile (Paul Kirchner) sont sur le point de déménager, car la mère d'Émile se transforme et doit être placée dans un centre médical spécialisé. Mais lors du transport, un accident se produit et les créatures parviennent à s'échapper. Alors que François fait tout pour retrouver sa femme, Émile décèle chez-lui les premiers signes de cette étrange maladie.
Il avait conquis la Croisette avec «Les Combattants» en 2014. Après être passé à la réalisation de la série de science-fiction «Ad Vitam» pour Arte, «Le Règne Animal» (seulement son deuxième long-métrage) se présente comme un film aux multiples facettes. Miroir acerbe et douloureux de nos sociétés contemporaines, le film se focalise sur le désir de liberté et la volonté de faire accepter ces nouveaux modes vies. Ils sont quelques-un.e.s à faire preuve de tolérance et d'ouverture d’esprit, or c’est bien la peur, le rejet, la haine et finalement la violence à l'égard de ces humanités en transition, qui règnent et parsèment le métrage.
«Le Règne Animal» traite également du délicat processus de passage à l'âge adulte. Ici, la tragédie de l'histoire progresse surtout à travers le personnage de François, le père, qui non seulement perd sa femme dans cette vie sauvage, mais doit aussi apprendre à y laisser son fils. Romain Duris et Paul Kirchner ont d’ailleurs une alchimie merveilleuse et forment un tandem à la fois attachant et authentique, lequel possède d’ailleurs son propre langage. Et alors qu’ils affrontent ces transformations inéluctables, le récit n’en est que plus dramatique.
Stupéfiantes, troublantes, les mutations morphologiques de ces êtres hybrides provoqueront quelques tressaillements dans les salles obscures. Le réalisateur emprunte au sous-genre du body horror et, accompagné notamment de Pascal Molina pour les effets spéciaux et d’Eric Ducron pour les maquillages, «Le Règne Animal» surprend aussi par la multitude et l’inventivité de ses personnages.
Les prémisses du long métrage fascinent autant qu’elles intriguent, et déploient un magnétisme tout à fait singulier. Toutefois, il arrive que l’histoire se répète et que le suspens ne s’estompe. Le récit aurait sans doute gagné à être un peu resserré, bien que l’on comprenne aisément la nécessité de ces deux heures pour déployer l’envergure de ce conte.
(Traduit de l’allemand)
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Commentaires
“L’appel dans la forêt”
Un virus inexpliqué transforme progressivement les humains en animaux. Lana, la femme de François, est touchée par le phénomène. Soignée dans un hôpital, puis transférée, elle s’échappe lors d’une nuit d’orage. François et son fils Émile, inquiets, partent à sa recherche.
Quelle époque ! Un embouteillage en plein Paris est agité par la lutte acharnée entre un homme ailé et des ambulanciers qui tentent de l’emmener. Désormais habitué, le citoyen moyen assiste à l’échauffourée, à peine impressionné. Comment se positionner face à ces nouveaux mutants ? Monstres, bestioles, créatures ou victimes ?
Les X-Men sont de retour et ils ont envahi la France. Mais l’approche de Thomas Cailley, beaucoup plus subtile que l’action super-héroïque américaine, s’accroche à l’intime. A savoir, comment une griffe, plume ou écaille écorche le corps et torture les esprits. Le film mue lui aussi et déjoue les attentes liées aux genres. Si ses effets spéciaux peuvent décevoir dans la fluidité des phases d’envol, ils convainquent dans la restitution de ces être hybrides en pleine transition. La forêt nocturne devient leur refuge, angoissante et mystérieuse comme dans les contes. Non sans humour, ce sont des échassiers landais qui prennent le fusil pour traquer la bête au bois dormant. L’homme est un loup pour l’homme, choisissant le plus souvent par crainte de l’altérité la violence, la haine et le mépris.
Mais ce sont les liens du sang qui apportent l’émotion la plus vive dans cette histoire. En époux éploré, Romain Duris ne lâche rien et fait tout ce qu’il peut pour protéger son cocon familial fragilisé. Face à lui, Paul Kircher joue avec un certain talent la maladresse adolescente, marquée par la croissance, la révolte et une soif de liberté. Le rapport au fils éclate lors d’une scène de rasage à l’ironie mordante. Il est temps pour un père d’accepter de voir son enfant changer, grandir, d’ouvrir la porte et de le laisser désobéir.
(7.5/10)… Voir plus
Dernière modification il y a 7 mois
Histoire très originale. C’est à la fois flippant, émouvant et drolatique. Le jeune Paul Kircher et Romain Duris sont très bons!
4.25: Ils sont d’ailleurs
François est en plein cauchemar : son épouse Lana a été, comme d’autres humains, atteinte d’un mystérieux virus les transformant en animaux tout en conservant leur apparence humaine. Il embarque son fils Emile dans une impossible quête : trouver le moyen d’éradiquer ce fléau. Mais attention à ne pas en être infecté.
Le voici cet OVNI tricolore qui à son origine me faisait penser à une série B de plus jusqu’à lire les premiers avis favorables et être curieux. Je ne le regrette pas.
3 années après la vague COVID et les conséquences connues, ce nouveau virus ici totalement fictif a ce point commun de provoquer le scepticisme, puis l’amusement voire l’irritation selon son appréciation, pour finalement être pris au sérieux.
A la différence de la vague de 2020, cette mutation en soi va davantage toucher et si effectivement, le spectateur sera d’abord amusé, il va être pris par ce procès en soi mené par Caillet, qui outre être fan d’un chanteur au Coron à qui il rend un magnifique hommage, va à sa manière réinterpréter sa plus belle déclaration d’amour en parvenant à nous rendre emphatique envers cette famille et beaucoup moins clément envers les différents pouvoirs.
Si ça peut paraître naïf au début, l’essai est à mon sens parfaitement transformé grâce à un rythme prenant sans longueur, à une part d’évasion qui fait du bien malgré sa cause, et surtout grâce à son casting en particulier Paul Kircher que je découvre, ce qui vue sa filmographie courte ne me surprend pas, et qui se demande bien ce qu’il fera à 20 ans.
Alerte: film à recommander et niveau assez sérieux!!!… Voir plus
Dernière modification il y a 1 an
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