Le Retour France 2023 – 106min.
Critique du film
Chronique familiale sur l’île de beauté
En compétition officielle au dernier Festival de Cannes, Catherine Corsini peint le portrait d’une mère et de ses deux filles qui reviennent dans la Corse qu’elles ont quittée il y a 15 ans. Elles vont y affronter secrets et blessures du passé.
Le retour, c’est aussi celui de Catherine Corsini: à Cannes, pour la troisième fois, et en Corse, la terre de ses racines. La cinéaste française s’est finalement retrouvée à nouveau sélectionnée en compétition au Festival de Cannes en mai dernier. Cela alors qu’une polémique venait de naître autour de rumeurs dénonçant des faits de harcèlement et de violence sur le tournage de son dernier film - rumeurs démenties en bloc par l’équipe du film.
En tête d’affiche du «Retour», on retrouve Aïssatou Diallo Sagna, révélée dans le précédent film de Catherine Corsini, «La Fracture», qui avait remporté la Queer Palm en 2021. L’année suivante, l’aide-soignante recevait le César de la meilleure actrice dans un second rôle (face à des actrices expérimentées comme Cécile de France ou Jeanne Balibar). Elle revient aujourd’hui, ultra-crédible dans le rôle de Khédidja, mère veuve de deux adolescentes.
Alors qu’elle a quitté la Corse il y a 15 ans à la mort de son mari, Khédidja revient sur l’île de beauté pour travailler comme nounou dans une famille bourgeoise durant l’été. Pendant ce temps, ses filles se laissent aller aux tentations et aventures estivales que leur Corse natale leur offre: rencontres, fêtes, premiers émois - homo ou hétéro. L’aînée, Jessica (Suzy Bemba), sage et studieuse, tombe sous le charme de Gaia, la fille du couple bourgeois (incarné par Virginie Ledoyen et Denis Podalydès), tandis que Farah (Esther Gohourou, révélée dans «Mignonnes»), plus rebelle, fait les 400 coups et se retrouve régulièrement dans des situations tendues. Durant ces vacances, les sœurs à la complicité explosive vont aussi découvrir une partie cachée de leur histoire familiale, qui va changer les choses à jamais…
Relation sororale, deuil, racisme, récit d’apprentissage, choc des classes sociales, secrets, mensonges, pardon… le moins que l’on puisse dire, c’est que les thématiques abordées dans «Le Retour» sont nombreuses. À les multiplier ainsi, il y avait un risque à perdre le fil et l’attrait de cette chronique familiale. Heureusement, le film évite ce piège.
Il est assez fascinant de voir à quel point Catherine Corsini, 67 ans, filme la jeunesse à merveille, dans une représentation très vraie et actuelle. Pour être au plus juste, la cinéaste a travaillé sur le script pendant trois ans avec la jeune scénariste Naïla Guiguet. Le récit évolue dans les cinégéniques paysages corses au rythme d’une bande son électro enivrante, dans une atmosphère pleine d’humour, de tendresse et de douceur. Il y a bien quelques traits de caractères stéréotypés chez les personnages du «Retour» - qui comme «La Fracture», était en lice pour la Queer Palm - , mais ils sont sauvés par la direction d’acteurs et d’actrices et par l’excellent jeu de leurs interprètes.
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