Zone(s) de Turbulence France, Allemagne, Islande, Royaume-Uni 2023 – 98min.

Critique du film

Le mal de l’air

Critique du film: Fanny Agostino

Au paroxysme de l’été, l’islandais Hafsteinn Gunnar Sigurðsson («Paris of the North», 2015) signe une comédie à l’humour british. Si l’idée de mettre en scène le pire cauchemar d’un groupe indisposé par les voyages aériens est des plus sarcastiques, l’ensemble reste malheureusement désincarné et platonique.

Alors qu’ils effectuent un stage afin de combattre leur appréhension de l’avion, des «voyageurs intrépides» achèvent leur formation de lutte contre leur phobie. Les simulations de vols terminés et avec tous les encouragements des accompagnateurs, ils sont au pied du mur. La dernière étape étant de prendre un vol commercial aller-retour pour une destination inconnue, mais rien ne va se dérouler comme prévu.

Incommodant dans sa réalisation, la narration adopte des directions paradoxales. Le personnage de Sarah (Lydia Leonard) fait office de fil rouge. Cette commerciale, qui préfère dissimuler ses appréhensions à son compagnon, va jusqu’à lui faire croire qu’elle est à Los Angeles alors qu’elle déballe de faux souvenirs de voyages commandés par colis. Une suite de mensonges élaborée qui touche à son terme, puisque ce dernier a organisé des vacances au Cap-Vert, un jour après la fin du stage.

Après un quart d’heure, cette trame devient bien secondaire et privilégie les situations cocasses. Le groupe d’intrépides est composé de stéréotypes loufoques : une influenceuse écervelée et son timide conjoint, un ancien parachutiste de carrière. Le tout est chaperonné par un instructeur frileux et angoissé. Le long-métrage ne cesse de passer d’une situation à l’autre, sans insuffler de la texture à ses différents personnages. Ils ne représentent rien d’autre que leur propre aversion pour l’avion et Sarah, bien que toujours présente, se fond dans la masse.

Les dialogues sont drôles, mais la logique de surenchérissement des gags finit par péjorer un scénario qui laissait pourtant libre cours aux idées les plus fantasques. L’exubérance pousse le dénouement dans certains extrêmes quelque peu malvenus, où la phobie trouve sa guérison dans un coming-out des plus douteux…

Sans être de mauvaise facture, «Zone(s) de turbulence» ne parvient pas à exploiter tout le potentiel de son concept de génie. Pouvait-il y avoir plus sarcastique que de réunir toute une équipe d’angoissé dans un même avion, qui plus est en business class ? Un décollage sans encombre pour un atterrissage manqué.

18.02.2024

3

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Commentaires

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CineFiliK

il y a 1 an

“Y a-t-il un pilote dans l’avion ?”

Femme d’affaires efficace, Sarah a une peur panique de prendre l’avion et en a honte. Ainsi cache-t-elle à son nouvel amour le fait de suivre un stage pour surmonter son angoisse. Mais quand son voyage test pour Reykjavík tourne au cauchemar, elle ne peut qu’affronter la vérité.

Lors d’un vol, l’étape la plus mortelle est statistiquement le trajet qui mène à l’aéroport. Mais les phobies sont par définition irrationnelles et poussent ceux et celles qu’elles enveniment à la déraison. De quoi inspirer un esprit comique, vif et provocateur ? Hélas, cette comédie islandaise ne décolle pour ainsi dire jamais. Sarah et ses compagnons d’infortune – un instructeur débutant, un ancien soldat qui pense atterrir aux Malouines, un informaticien paniqué et son influente compagne – apparaissent tellement ternes. Les autres personnages ont bien fait de quitter ce navire avant qu’il ne coule. Les péripéties s’enchaînent sans rire ni subtilité dans un ciel gris de laideur. Seuls les volcans enneigés de la terre de glace dégagent une once de charme. Le film devient un long-courrier interminable au point de se demander s’il y a un pilote derrière la caméra, ainsi qu’un scénariste !

(3/10)Voir plus

Dernière modification il y a 1 an


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